Les chiffres ne trompent pas : la France s’est bien installée solidement au sommet de la natation européenne. Aux championnats d’Europe en petit bassin, organisés à Chartres, du 22 au 25 novembre 2012, ses nageurs ont réalisé une moisson historique : 29 médailles, dont 12 titres. Ils dominent avec plusieurs longueurs d’avance le classement des nations, avec un nombre de podiums très largement supérieur à celui de leurs plus proches rivaux, Hongrie, Danemark et Russie (12 médailles chacun). Une façon très spectaculaire de célébrer le premier évènement continental organisé sur le sol français depuis… 1989.
Et pourtant, cruel paradoxe, la Fédération française de natation ne peut toujours pas se porter candidate à l’organisation d’un championnat du monde ou d’Europe en bassin olympique. En cause, son manque d’équipements aux normes internationales. Le centre nautique prévu dans le dossier de candidature de Paris pour les Jeux de 2012 n’est toujours pas sorti de terre. On attend le premier coup de pioche, sur le site d’Aubervilliers, au sud du Stade de France. Sa construction avait pourtant été garantie par le gouvernement français après la défaite de Paris face à Londres, en juillet 2005.
A force de tirer toutes les sonnettes, Francis Luyce, le président de la FFN, croyait bien toucher au but. En début d’année, il assurait avoir réuni le budget, estimé à environ 68 millions d’euros, grâce aux subventions de l’Etat et des collectivités territoriales. Seul manquait au puzzle une dernière pièce, les frais de fonctionnement, d’environ 4 à 5 millions d’euros annuels.
Mais le département de la Seine-Saint-Denis, l’un des acteurs majeurs du dossier, s’est retiré de l’opération, expliquant que les nouvelles dépenses imposées par la loi de décentralisation l’empêchaient de verser sa part de la dot. Un manque à gagner d’environ 11 millions d’euros.
Aujourd’hui, Francis Luyce se dit « désespéré ». Sa récente visite dans les bureaux ministériels, où il a rencontré le directeur des sports, ne lui a apporté aucune assurance sur l’avenir. « On m’a simplement demandé d’être persévérant », explique-t-il. Un comble pour un président en attente d’un centre nautique depuis huit ans.
Les villes de Marseille et de Nice se sont manifestées tour à tour pour accueillir cet équipement. Leurs clubs de natation respectifs comptent dans leurs rangs certains des meilleurs nageurs français (Laure et Florent Manaudou à Marseille, Camille Muffat et Yannick Agnel à Nice). Mais, encore une fois, leurs dossiers restent au stade des projets.