L’avenir olympique de l’athlétisme russe était déjà mal en point. Depuis ce mardi 24 mai, il ne tient plus qu’à un fil. Selon l’agence de presse Tass, pas moins de 14 des 31 athlètes soupçonnés de dopage aux Jeux de Pékin en 2008, après la ré-analyse des échantillons par le CIO, seraient de nationalité russe. Quasiment un sur deux. Parmi eux, un très gros poisson: Anna Chicherova, la championne olympique du saut en hauteur en 2012 à Londres (notre photo).
Rappel des faits. La semaine passée, le CIO a fait savoir que 31 athlètes présents aux Jeux de Pékin avaient été contrôlés positifs. Un résultat obtenu après une nouvelle analyse, réalisée en collaboration avec l’AMA et utilisant une technologie plus pointue, sur 455 échantillons prélevés aux JO d’été en 2008. L’organisation olympique n’avait dévoilé aucun nom, mais elle avait expliqué que ces 31 athlètes représentaient 12 pays et 6 sports différents.
A en croire Tass, l’agence de presse russe – supposée fiable sur ce dossier -, 14 de ces 31 tricheurs porteraient les couleurs de la Russie. Ils appartiendraient pour la majorité d’entre eux à l’équipe d’athlétisme. Une source interne au sport russe aurait confié à ses journalistes que le CIO aurait informé le comité national de Russie de ces chiffres et des noms des athlètes concernés.
L’un d’eux, le plus médiatique, jette un pavé dans la mare. Anna Chicherova avait été médaillée de bronze à la hauteur à Pékin en 2008. Quatre ans plus tard, elle décrochait le titre olympique à Londres. Toujours en activité, elle figure en bonne place parmi les favorites pour la médaille d’or en août prochain à Rio de Janeiro. Son entraîneur, Yevgeny Zagorulko, a assuré ce mardi à l’agence Tass que la sauteuse avait été notifiée de son contrôle trois jours plus tôt. « Elle m’a appelé tout de suite pour me le dire », a confié le coach, précisant que l’information n’était pas encore confirmée et que l’affaire n’en était qu’à son premier stade.
Il n’empêche, la révélation rend de plus en plus incertaine la présence d’une équipe russe aux Jeux de Rio 2016. Anna Chicherova n’est pas la moindre des athlètes du pays. Elle n’avait, jusque-là, jamais été l’objet de soupçons ou rumeurs. Surtout, elle s’était très vite rangée parmi les victimes de l’affaire de dopage en Russie révélée l’an passé par la chaîne allemande ARD. En novembre dernier, elle avait tenu une conférence de presse à Moscou (notre photo, en bas), en compagnie notamment de Yelena Isinbayeva. Les deux jeunes femmes y avaient avoué leurs doutes et leur angoisse pour l’avenir. « Pourquoi des sportifs comme moi, des sportifs « propres », devraient pâtir de ceux qui ont eu des pratiques malhonnêtes? », avaient interrogé la perchiste.
L’affaire n’est pas terminée. Les échantillons B des 31 athlètes révélés positifs après la ré-analyse doivent être maintenant étudiés. L’opération doit se faire au début du mois de juin dans un laboratoire australien. Dans l’hypothèse où leur examen confirme les résultats en possession du CIO, il sera difficile à l’IAAF de prononcer autre chose que l’exclusion de la Russie des Jeux de 2016. Ironie de l’histoire: les révélations de l’agence Tass interviennent moins de 24 heures après l’annonce par Yelena Isinbayeva de son intention de porter plainte devant la Cour internationale des droits de l’homme en cas de suspension de sa fédération des prochains JO.