Une page se tourne pour le rugby mondial. Bill Beaumont (à droite sur la photo), 64 ans, de son vrai nom William Blackledge Beaumont, ancien 2ème ligne de l’équipe d’Angleterre, devient officiellement ce vendredi 1er juillet 2016 président de World Rugby. Il succède à Bernard Lapasset (à gauche), son aîné de 4 ans.
Le Britannique a été élu par le Conseil de la Fédération internationale lors de sa réunion du 11 mai 2016 à Dublin. Une réunion dont l’issue était connue avant même de remplir la feuille des présents. Bernard Lapasset avait choisi de ne pas solliciter un troisième mandat, préférant se consacrer pleinement à son rôle de co-président de Paris 2024. Bill Beaumont était le seul candidat en lice. Même scénario attendu pour le poste de vice-président: un seul postulant, l’Argentin Agustin Pichot, élu par ses pairs à une belle et franche unanimité. Pourquoi faire compliqué?
Pendant sa campagne, Bill Beaumont avait promis de poursuivre l’oeuvre de son prédécesseur. Il avait annoncé son intention de mieux harmoniser les calendriers des deux hémisphères, avec l’ambition de rendre le rugby plus « global » que jamais. Il avait suggéré l’idée de décaler le Tournoi des VI Nations vers une date plus printanière, au mois d’avril par exemple. Tiendra-t-il parole? L’avenir répondra.
A l’heure de la passation des pouvoirs, effectuée à distance puisque Bernard Lapasset n’est pas à Dublin, ce vendredi 1er juillet, mais à Lausanne pour une réunion au CIO des villes candidates aux Jeux de 2024, une évidence s’impose: le dirigeant français laisse le rugby mondial dans un bien meilleur état qu’au moment où il en a pris la destinée en mains. Bernard Lapasset a été élu une première fois à la tête de l’IRB le 19 octobre 2007. Il avait pris la succession de l’Irlandais Syd Millar. Le Tarbais a rempilé quatre années plus tard, devançant Bill Beaumont de 2 voix (14 contre 12) lors de l’élection organisée en décembre 2011 à Los Angeles.
Passons sur le changement de nom de la Fédération internationale de rugby, devenue World Rugby par souci de reconnaissance médiatique et d’universalité. Anecdotique. Le vrai bilan de Bernard Lapasset se découvre plus en profondeur. Il se mesure en niveau de pratique, en impact des grandes compétitions, en présence dans le mouvement sportif international.
« Le rugby n’a jamais été en si bonne santé et je suis si fier de ce que nous avons accompli, en développant ce sport dans le monde entier, en amenant le rugby à VII aux JO, en organisant de magnifiques tournois, notamment la Coupe du monde 2015, en amenant le jeu féminin à un nouveau niveau », avait résumé Bernard Lapasset au mois de mars dernier, au moment d’annoncer par un communiqué sa décision de ne pas solliciter un nouveau mandat.
L’universalité, d’abord. La dernière Coupe du Monde de rugby, organisée l’an passé en Angleterre, a attiré 406.000 visiteurs venus de 151 pays. Elle aurait été suivie par environ 4 milliards de téléspectateurs sur la planète. Selon Brett Gosper, le directeur exécutif de World Rugby, la discipline a doublé le nombre de ses pratiquants dans le monde depuis 2009. Pour la première fois, une Coupe du Monde se disputera, en 2019, dans un pays n’appartenant pas à l’univers traditionnel du rugby, le Japon. Les six partenaires mondiaux de la Coupe du Monde reflètent cette globalisation: DHL (Allemagne), Mastercard (Etats-Unis), Heineken (Europe), Société Générale (France), Emirates (Emirats Arabes Unis), Land Rover (Angleterre).
L’olympisme, ensuite. L’IRB avait tenté à deux reprises, en 2002 et 2005, de forcer la porte des Jeux. Sans succès. La troisième a été la bonne. En octobre 2009, à Copenhague, la session du CIO a approuvé l’entrée du rugby à 7 au programme des JO de 2016 à Rio de Janeiro et 2020 à Tokyo. 81 voix pour, 8 contre. Eloquent. Un succès unanimement attribué à Bernard Lapasset, infatigable ambassadeur d’un rugby à 7 olympique.
La féminisation, enfin. Pour la seule année 2014, les effectifs du rugby féminin sont passés de 1,5 à 1,77 millions de joueuses dans le monde. La progression, présentée comme planétaire, serait particulièrement forte aux Etats-Unis, au Mexique et en Inde. En octobre dernier, un article du Telegraph de Londres remarquait que la présence féminine était nettement plus élevée dans les stades de rugby que dans ceux de football.
En août prochain, Bill Beaumont prendra place sur le siège de président, à Rio de Janeiro, dans les tribunes du stade de rugby à 7. Normal et protocolaire. Bernard Lapasset ne sera pas loin. Logique et mérité.