Le score en dit long. Jeudi 3 août 2017, dans le décor au souvenir très olympique de l’ExCel de Londres, l’athlétisme russe a une nouvelle fois été recalé. Invités à se prononcer par vote sur le prolongement de la suspension de la Fédération russe, les délégués de l’IAAF n’ont pas longtemps hésité sur le choix de leur bulletin.
Pas moins de 166 pays, dont tous les mastodontes de l’athlétisme mondial, se sont exprimés en faveur du maintien des Russes dans l’ombre d’une salle d’attente. Ils ont été seulement 21 à se déclarer favorables à leur retour dans la lumière. Selon les règles de l’IAAF, une majorité des deux tiers était nécessaire à la levée de la suspension. Le chemin reste long.
Dix-neuf athlètes russes ont été autorisés par l’IAAF à participer aux Mondiaux de Londres, à partir de ce vendredi 4 août au stade olympique. Mais ils devront s’envelopper de neutralité. Pour le reste, leur fédération est absente.
Un coup pour rien, donc. Seul bénéfice de la journée, pour les dirigeants russes: ils connaissent désormais leurs amis. Ils restent peu nombreux et, soyons clair, pèsent assez peu lourd. A une exception: la Jamaïque. Au pays d’Usain Bolt, les fautes de l’athlétisme russe ne semblent pas de taille à mériter un tel traitement. Une position forcément très commentée, jeudi 3 août, dans la salle de réunion et plus encore les couloirs du Congrès de l’IAAF.
La Jamaïque n’en est à son coup d’essai. Huit mois plus tôt, le président de la Fédération d’athlétisme (JAAA), Warren Blake, s’était déjà fait remarquer en votant contre le processus de réformes proposé par Sebastian Coe, le président de l’IAAF.
En plus de la Jamaïque, 20 pays se sont déclarés favorables au retour de la Russie dans la famille de l’athlétisme: Bangladesh, Comores, Corée du Nord, Guinée équatoriale, Jordanie, Liban, Macao, Mongolie, Mozambique, Nauru, Nigéria, Panama, Pérou, Roumanie, Sri Lanka, Swaziland, Syrie, Tajikistan, Vietnam et Yémen.
Huit autres pays avaient délibérément choisi de ne pas participer au vote, dont l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et la Biélorussie.
En amont du scrutin, le nouveau président de la Fédération russe d’athlétisme, Dmitry Shlyakhtin (photo ci-dessus), avait pourtant joué son va-tout. Il avait présenté des excuses publiques, en bonne et due forme, devant les délégués présents au Congrès. Un mea culpa, le premier du genre, très respectable mais finalement inutile.
« J’ai découvert cette situation et j’estime que la décision de la Fédération internationale et de son Conseil était la bonne, a-t-il posément expliqué en référence à la suspension de l’athlétisme russe, décidée en novembre 2015. Je voudrais adresser mes excuses à tous les athlètes qui ont perdu des médailles. La situation de l’athlétisme est encore très difficile mais des changements radicaux ont été introduits. Je peux vous assurer que notre nouvelle équipe combattra le dopage et que tout cela ne se reproduira plus jamais. »
Au centre de la tribune, Sebastian Coe a semblé apprécier. « Clairement, des progrès ont été réalisés », a sobrement suggéré le Britannique.
Même son de cloche, mais nettement moins retenu, chez Rune Andersen, le président de la « task force » de l’IAAF sur le dopage en Russie. « Je souhaite rendre hommage à Dmitry Shlyakhtin et à ses collègues qui ont été nommés à son arrivée, a déclaré le Scandinave. Dmitry a clairement compris le besoin de changer cette culture du dopage et tout le mal qu’elle a fait aux athlètes propres. Ses excuses le démontrent. C’est un pas important sur la voie de la réhabilitation. » Un premier pas, certes, mais il en faudra sans doute encore bien d’autres pour inverser le score.