Les chiffres peuvent se révéler trompeurs. La 10ème édition des Gay Games, organisée du 4 au 12 août 2018 à Paris, affiche complet sur presque tous les tableaux. Pas moins de 10.300 participants, 91 nations représentées, 300.000 visiteurs attendus, 36 disciplines disputées sur 67 sites de compétition. A elle seule, la délégation américaine compte 3.000 athlètes.
Une réussite. Mais une zone du tableau reste incomplète : le partenariat. Certes, la liste des sponsors privés compte quelques poids lourds, dont BNP Paribas, Franprix, Renault, General Electric ou BVA. Mais les organisateurs attendaient mieux pour un événement dont l’impact économique direct est estimé à 58 millions d’euros.
Jean-Paul Cluzel, l’ancien PDG du groupe Radio France, en charge du mécénat au sein du comité d’organisation, l’a confié à Slash Sport : « Beaucoup d’entreprises françaises sollicitées ont exprimé leur hostilité à s’associer avec l’événement. Elles m’ont expliqué que, pour elles, c’était aujourd’hui encore trop tôt et que cela aurait été plus facile si le nom officiel avait été « Les Jeux de la diversité ». Mais abandonner le nom des Gay Games aurait signifié accepter les critiques. Et cela, il n’en était pas question, car l’essence même de ces Jeux est d’être inclusifs. »
Signe de cette frilosité à s’engager aux côtés d’un événement estampillé LGBT : l’absence d’un équipementier officiel, pour habiller notamment les 2.800 volontaires mobilisés. Pascale Reinteau, co-présidente avec Manuel Picaud des Gay Games 2018, explique : « Nous sommes pourtant allés tous les voir tous. Ils nous ont expliqué que leur budget de communication était bouclé, notamment à cause de la Coupe du Monde de football. »
Résultat : un budget revu à la baisse. Il s’élève à 4 millions d’euros, assuré pour 20% par les subventions de la Ville de Paris et de la Région Ile-de-France (les inscriptions des compétiteurs contribuent pour 40%). Les organisateurs espéraient grimper jusqu’à 6 millions d’euros.
Selon une première étude, les fréquentation des Gay Games 2018, avec plus de 10.300 engagés, dont les trois quarts venus de l’étranger, et 300.000 visiteurs, devrait injecter près de 136 millions d’euros dans l’économie française. Elle pourrait aussi contribuer à donner un second souffle à l’attractivité LGBT de la capitale française. Selon un rapport remis l’an passé par le maire adjoint à la culture et au tourisme, Jean-Luc Romero-Michel, elle serait « en perte de vitesse. »
Dans la foulée, les Jeux de Paris 2024 pourraient eux aussi apporter leur pierre. Jeudi 26 juillet, Tony Estanguet a ouvert une première porte. Le président du COJO a signé la « Charte d’Engagement LGBT+ », un document créé en 2012 à l’initiative de l’association l’Autre Cercle. En vertu de ce texte, le COJO Paris 2024 s’engage à adopter des pratiques exemplaires en matière de lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou de genre. Il s’engage également à assurer un environnement de travail inclusif aux lesbiennes, gay, bisexuelles ou transgenres, au sein de ses équipes, salariés ou volontaires.
Selon un sondage réalisé par l’IFOP en début d’année pour la Fondation Jaurès, cité par Libération, 19% des personnes LGBT auraient déjà été victimes de discriminations dans un club de sport.