Le mouvement olympique est-il en train de pencher vers l’est ? Le choix de la ville hôte des Jeux de 2020, prévu en septembre prochain, pourrait apporter une réponse franche et éloquente en cas de victoire de Tokyo. En attendant, la visite officielle que Jacques Rogge vient d’effectuer en Chine et Corée du Sud donne un aperçu de l’impact des anneaux sur le continent asiatique. Le Président du CIO n’y a pas seulement été reçu comme un chef d’état. Il a également pu vérifier que Chinois et Coréens préparaient leurs échéances olympiques sans lésiner sur les moyens ni traîner en route.
Première étape du voyage présidentiel : Nanjing, en Chine. Cette ville champignon de plus de 7 millions d’âmes accueillera l’an prochain les deuxièmes Jeux Olympiques de la Jeunesse d’été. A dix-huit mois de l’évènement, Jacques Rogge a constaté que la construction du village des athlètes (plus de 4000 lits) était en avance sur le calendrier et, bonne nouvelle, qu’elle se faisait dans le respect de l’environnement. Le dirigeant belge a pu rencontrer le personnel du comité d’organisation, les consultants juniors et les premiers volontaires. Bilan, en une phrase, du président du CIO : « Il ne fait pour moi aucun doute que les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2014 à Nanjing seront un franc succès. »
Deuxième arrêt : la Corée du Sud. Un arrêt en deux temps. Séoul, d’abord, la capitale. Puis Pyeongchang, la ville des Jeux d’hiver de 2018. Dans la première, Jacques Rogge signe l’accord du plan marketing, entre le CIO et le comité d’organisation des Jeux de Pyeongchang 2018 (POCOG). Un acte symbolique. A la différence des premiers chiffres dévoilés par les organisateurs sud-coréens, sonnants et trébuchants. A cinq ans des Jeux, ce plan ambitionne d’atteindre la somme de 815 millions d’euros, très proche des revenus réalisés par les Jeux de Londres en 2012. Jacques Rogge apprécie. Tout comme il salue la promesse du POCOG de verser au moins 7 millions d’euros par an au Comité National Olympique coréen jusqu’aux Jeux de 2018.
Autre découverte : la construction à Jincheon d’un centre permanent d’entraînement, dont les travaux devraient s’achever en 2017. L’élite sud-coréenne y préparera notamment les Jeux de Rio en 2016. Coût : 370 millions d’euros.
Sans répit, Jacques Rogge fait le voyage vers Pyeongchang. Il assiste au début des « Special Olympics » d’hiver, une compétition multisport d’invention américaine, dédiée aux personnes souffrant d’un handicap mental. Une manifestation dont l’autre invitée de marque est la Birmane Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix en 1991. Tout un symbole. Le président s’offre une visite d’inspection des premiers sites de compétition des Jeux de 2018. Comme à Nanjing, les Asiatiques ont pris de l’avance sur leur calendrier. « Certains sont déjà opérationnels, constate-t-il. Les athlètes seront impressionnés par leur compacité. »
A son retour à Séoul, Jacques Rogge tient une conférence de presse à l’hôtel Lotte. Dans l’assistance, environ 120 hauts dignitaires du pays et représentants des médias. Au fond de la salle, pas moins de quatorze caméras de télévision, rapporte un témoin. L’affaire est d’importance. Il profite également de sa visite pour rencontrer Lee Myung-Bak, l’ancien chef de l’Etat, puis faire connaissance avec la nouvelle présidente sud-coréenne, Park Geun-Hye. Le siège de l’olympisme demeure toujours en Suisse. Mais en Asie, son cœur bat de plus en plus fort.