Après Istanbul et Madrid, troisième et dernier volet de notre tour d’horizon des villes candidates aux Jeux d’été de 2020 : Tokyo. La ville japonaise, battue de peu par Rio quatre ans plus tôt, possède sans doute le dossier le plus solide. Mais il en faut parfois plus pour l’emporter…
Economie – A coup sûr l’un des atouts maîtres dans le jeu de Tokyo. Au CIO, personne ne doute de la capacité de l’économie japonaise à supporter le coût des Jeux. En début d’année, l’équipe de candidature a assuré avoir déjà en banque 3,4 milliards d’euros, un pactole destiné à la construction et/ou la rénovation des sites de compétition. Tokyo a fait le plein de partenaires. Et obtenu des pouvoirs publics la garantie d’un financement à la hauteur l’évènement.
Leaders – La candidature japonaise respecte la tradition. Elle est portée par Tsunekazu Takeda, le président du comité national olympique, un personnage incontournable du pays, puisque tout à la fois membre du CIO (depuis l’été dernier) et… petit-fils de l’Empereur Meiji. A ses côtés, l’un des figures du sport-business asiatique : Masato Mizuno, l’ancien patron du groupe du même nom, un géant mondial de l’équipement sportif. Enfin, preuve de l’orientation très politique de cette candidature, la présence au sein du conseil, comme conseillers spéciaux, de deux anciens premiers ministres : Taro Aso et Yukio Hatoyama.
Symbolique – Tokyo n’a plus reçu les Jeux olympiques depuis 1964, année où la capitale japonaise était devenue la première ville asiatique à recevoir les Jeux d’été. Accueillir l’évènement une deuxième fois, 56 ans plus tard, s’inscrit dans une certaine logique historique. Autre argument : accorder les Jeux au Japon, 9 ans après la catastrophe de Fukushima, contribuerait à participer à la reconstruction du pays. Une arme à double tranchant car la menace nucléaire n’a pas entièrement disparu.
Soutien – Les chiffres laissent peu de place au doute : le public japonais veut les Jeux de 2020. Un soutien populaire dont la courbe ne cesse de grimper. En mai dernier, un sondage du CIO révélait que seulement 47% des habitants de Tokyo voyaient cette candidature d’un bon œil. En octobre, ils étaient 67% à se déclarer favorable. Dans l’intervalle, les Jeux de Londres ont révélé l’éclatante santé du sport japonais, concrétisée par le total record de 38 médailles olympiques.
Passé – L’histoire commune du Japon et des Jeux d’été n’a jamais été simple. Tokyo avait obtenu l’organisation des Jeux d’été de 1940, mais le second conflit mondial a enterré l’évènement. En 1960, la capitale japonaise a perdu face à Rome, avant de l’emporter pour les Jeux de 1964. Longtemps considéré comme favori dans la course aux JO d’été de 2016, Tokyo s’est incliné face à Rio. Sa candidature pour 2020 est la 5ème de l’Histoire.
Alternance géographique – Un caillou dans la chaussure des Japonais. Accorder les Jeux au Japon deux ans après les JO d’hiver de 2018 à Pyeongchang, en Corée du Sud, irait à l’encontre de la règle, non écrite mais souvent vérifiée, de l’alternance des continents. Il faudra aux Japonais des trésors de persuasion, et un lobbying habile, pour renverser cet argument.
Faiblesses – En premier lieu, l’alternance des continents. En second, « l’effet Fukushima », une arme à double tranchant dont les conséquences restent difficiles à juger. Tertio, le conflit sino-japonais en mer de Chine, qui pourrait coûter quelques voix à Tokyo 2020. Enfin, point faible moins concret mais loin d’être anodin : les Japonais peinent à faire décoller leur campagne. Ils possèdent pourtant un formidable dossier.
L’avis de FrancsJeux – Tokyo a longtemps fait la course en tête. Mais son avance sur Istanbul a fondu comme neige au soleil. A quelques semaines de la visite dans les villes candidates de la commission d’évaluation, le Japon reste favori… à égalité avec Istanbul et la Turquie. En choisissant Tokyo, le CIO jouerait la carte de la sagesse. Budget, transport, infrastructure, stabilité politique, expérience… Les atouts des Japonais ne manquent. Mais il leur reste à trouver le petit plus, cette étincelle qui fait souvent la différence.