En février prochain, la planète aura les yeux tournés vers Sotchi, ville-hôte des Jeux d’hiver de 2014. A douze mois de l’évènement, les épreuves préolympiques se succèdent sur les sites de compétition. Et les commentaires, souvent contradictoires, se multiplient sur l’avancement des travaux, l’accueil des athlètes et la réalité des lieux. Où en sont les Russes ? A quoi pourraient ressembler leurs Jeux ? FrancsJeux a interrogé un témoin éclairé, Sébastien Lacroix, membre de l’équipe de France de combiné nordique, en visite à Sotchi au tout début du mois de février. Interview.
FrancsJeux.com : Quelles impressions vous ont laissé les sites de compétition des prochains Jeux de Sotchi ?
Sébastien Lacroix : Nous avons pu découvrir et tester le site du combiné nordique, où cohabitent le tremplin de saut et la piste de ski de fond. Sur le plan sportif, les installations sont réussies. Le tremplin est très beau, agréable à sauter. Nous y avons pris du plaisir. La piste présente un profil intéressant, assez difficile, donc sélectif. Une vraie piste olympique. Mais tout est encore en chantier car les Russes ont rencontré de sérieuses difficultés avec ce site. Le terrain est très humide. Il a bougé. Du coup, il a fallu creuser à plus de 40 mètres pour accrocher le tremplin. Et les travaux ont pris du retard.
Au-delà de l’aspect purement sportif, que pensez-vous des futurs sites olympiques ?
J’ai été déçu. Tout est trop artificiel. La piste de fond, par exemple, est bordée par un mur de béton élevé à flanc de montagne. La nature n’est pas très présente. Pour construire leur station, les Russes ont dénaturé le paysage. Tout a été défoncé pour construire le décor olympique.
Quel accueil avez-vous reçu lors des épreuves préolympiques de combiné nordique ?
Un accueil correct. Le public était présent et nombreux, surtout le dimanche. Il y avait une certaine ambiance. Mais j’ai croisé peu de sourires. Et peu de gens parlaient anglais. Surtout, j’ai été surpris que les officiels nous interdisent de prendre des photos sur les sites.
Quelles conditions de compétition avez-vous rencontrées ?
Les températures étaient assez chaudes, au-dessus de 0. Du coup, la neige manquait. Les Russes ont fait marcher les canons, mais on avait l’impression de skier sur une neige de printemps, un peu sale et très humide. Mais il ne faut pas oublier que le site se situe à seulement 800 m d’altitude, à la latitude de Nice, dans le sud-est de la France.
A douze mois de l’évènement, les Russes vous ont-ils semblé prêts à recevoir les Jeux d’hiver ?
Ils sont en retard. Donc, ils travaillent d’arrache-pied, 7 jours sur 7 et peut-être bien 24 heures sur 24. Ils seront prêts, mais ils ont encore beaucoup de boulot. A l’évidence, ils veulent prouver qu’ils sont capables d’organiser de grands Jeux Olympiques. Ils dépensent des moyens énormes pour épater le monde. Tout est démesuré. Et même, à mon goût, très exagéré.