Le mouvement paralympique se remettra-t-il de l’affaire Pistorius ? Moins d’une semaine après le fait divers sanglant de Pretoria, la question est plus que jamais d’actualité. Oscar Pistorius n’était pas seulement le plus médiatique de l’athlétisme handisport, il en était l’image planétaire. Une icône dont le rayonnement dépassait les limites de son sport, un « role model » unique en son genre. Et, accessoirement, un formidable vecteur publicitaire, ses revenus issus du partenariat ayant été estimés à 3,5 millions d’euros annuels.
Sans chercher à lire l’avenir dans le marc de café, il est facile d’avancer que sa carrière sportive ne survivra pas au drame. Pire : elle pourrait être entachée, rétrospectivement, de forts soupçons de dopage, la police sud-africaine ayant découvert à son domicile des stéroïdes anabolisants. Une ombre sur ses performances qui pourrait assombrir l’ensemble de la famille handisport.
Philip Craven, le président du Comité International Paralympique, ne croit pourtant pas que l’affaire ait des effets négatifs durables et irrémédiables. Interrogé par l’agence Reuters, il a assuré que le mouvement « se portait bien et était bien vivant. » Avant d’expliquer qu’il allait écrire aux 180 comités nationaux paralympiques pour leur « redire que l’élan de Londres 2012 devait se poursuivre en dépit de cette nouvelle. »
Aux derniers Jeux paralympiques, salués par les observateurs et les participants comme les plus réussis de l’histoire, tous les records de vente et d’audience ont été battus. Près de 2,7 millions de spectateurs se sont rendus aux compétitions. A Pékin, quatre ans plus tôt, « seulement » 900 000 billets avaient trouvé acquéreurs. En Grande-Bretagne, la chaîne Channel 4 a réalisé le soir de la cérémonie d’ouverture l’un des meilleurs scores de son histoire, avec 7,6 millions de téléspectateurs. Côté sportif, l’événement a été marqué par la chute de 251 records du monde. Précision : Oscar Pistorius n’a en pas battu qu’un seul, au 200 m. Détenteur de trois titres paralympiques individuels, il a conservé seulement celui du 400 m T44.
Le phénomène handisport ne se résume donc pas à Oscar Pistorius. L’athlète sud-africain s’est d’ailleurs toujours défendu d’incarner à lui seul l’ensemble du mouvement. Il le répétait encore en début d’année passée, à l’occasion des Laureus Awards : « A mes yeux, tous les athlètes qui participent aux Jeux paralympiques (ils étaient 4200 l’été dernier à Londres) constituent des modèles et des exemples à suivre. »
Philip Craven l’affirme : les indicateurs sont tous au vert. Plusieurs nouveaux contrats de partenariat ont été signés par l’IPC depuis les Jeux de Londres. « Nous avons pris contact avec nos sponsors, explique le dirigeant. Comme nous, ils font une différenciation entre les performances de nos athlètes et la tragédie qui vient de se produire en Afrique du Sud. »
A Londres, en septembre dernier, Oscar Pistorius, avait été devancé en finale du 200 m T44, à la surprise générale, par le jeune Brésilien Alan Oliveira. Il pourrait être l’une des vedettes des Jeux de Rio en 2016. Un statut que cet athlète de 21 ans pourrait partager avec l’autre étoile montante de l’athlétisme handisport, le Britannique Jonnie Peacock, seulement 19 ans, titré à Londres au 100 m T44. Une épreuve où il a battu le record du monde (10’’90), jusque-là propriété… d’Oscar Pistorius.
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