A quoi sert réellement la visite de la commission d’évaluation dans les villes candidates aux Jeux ? Mystère. Présentée comme une étape décisive, une sorte de grand oral étalé sur quatre jours, elle a rarement fait gagner une candidature. Mais il apparait quasi certain qu’elle a pu en faire perdre. Pas question, donc, de sous-estimer l’épreuve.
Depuis l’arrivée sur le sol japonais de Craig Reedie et de son bataillon d’experts, en fin de week-end, Tokyo 2020 sort le grand jeu. Premier signe, particulièrement notable dans un pays où on ne badine pas avec la hiérarchie : la présence parmi l’équipe d’accueil de certains des plus hauts dignitaires du Japon. Le Premier ministre, Shinzo Abe, a joué les hôtes dès le début de la visite de la commission d’évaluation. Il a tenu une conférence de presse très suivie, où les médias ont relayé sans nuance sa promesse que la capitale japonaise pourrait servir de modèle à « de nombreuses grandes villes du monde » si le CIO lui accordait l’organisation des Jeux de 2020. Le gouverneur de Tokyo, Naoki Inose, a lui aussi mis les petits plats dans les grands, se déplaçant jusqu’à l’hôtel officiel pour accueillir en personne les émissaires olympiques.
Autre temps fort : la conférence tenue par une poignée de grands patrons, choisis parmi les plus écoutés de l’économie japonaise. Dans le rôle du maître de cérémonie, Fujio Cho, le PDG de Toyota. Le discours est carré et direct. En substance, l’élégant dirigeant d’industrie explique que les entreprises japonaises soutiendront sans nuance le comité d’organisation des Jeux si Tokyo venait à être choisi. Contre toute attente, il évoque la bonne santé économique de la Turquie et d’Istanbul, mais précise : « Les Turcs progressent vite, mais Tokyo peut compter sur la présence au Japon d’un nombre considérable de très grandes entreprises. »
Dans l’assistance, la promesse du patron de Toyota ne laisse personne indifférent. Au CIO, les arguments économiques ont toujours eu beaucoup de poids. Les chiffres également. Ceux de Tokyo laissent peu de place au doute. Crise ou pas, le Japon reste la 3ème puissance mondiale, derrière les Etats-Unis et la Chine. En 2011, son PIB était encore près de cinq fois supérieur à celui de la Turquie.
Heureux hasard du calendrier : le CIO a profité de la visite au Japon de sa commission d’évaluation pour communiquer les résultats de son sondage d’opinion. Au dernier pointage, la candidature japonaise est soutenue par 70% de la population tokyoïte, un chiffre en hausse de 23% sur celui révélé par une enquête réalisée en mai 2012. Dans son ensemble, la population japonaise se déclare à 67% favorable à la perspective d’organiser les Jeux de 2020 dans la capitale asiatique. Pour mémoire, la candidature de Tokyo pour les Jeux de 2016, finalement battue par Rio, n’avait jamais pu recueillir plus de 56% d’opinions favorables.
Le Japon tout entier, ou presque, pousse derrière le projet de Tokyo 2020. A six mois du vote de l’Assemblée générale du CIO, ce soutien ne peut pas encore assurer au dossier asiatique la victoire dans les urnes. Mais il contribue à conserver toutes se chances intactes.