Les Japonais n’ont jamais eu le triomphe très exubérant. Aux manifestations de joie, ils préfèrent souvent une retenue polie. Jeudi 7 mars, certains des membres du comité de candidature de Tokyo 2020 ont pourtant osé quelques sourires de vainqueurs. La raison : les propos du Britannique Craig Reedie, vice-président du CIO et patron de la commission d’évaluation des Jeux de 2020, au terme de la visite de quatre jours de son équipe d’experts dans la capitale asiatique.
En conférence de presse, le dirigeant britannique s’est dit « extrêmement impressionné par la qualité des présentations faites par le comité de candidature. » Avant d’ajouter, sur un même ton empreint d’un mélange de respect et d’admiration : « Ils ont tout simplement été excellents. » Dans l’assistance, les paroles de Craig Reedie ont été d’autant plus appréciées que le vice-président du CIO a expliqué s’exprimer non seulement en son nom, mais aussi en celui de l’ensemble des 14 membres de la commission d’évaluation du CIO.
A l’évidence, le Japon a réussi son examen de passage. L’affaire avait été soigneusement préparée. Les Tokyoïtes ont su soigner les détails, tout en insistant sur l’essentiel : l’appui solide et sans faille de la classe politique et du monde économique, exprimé notamment par le Premier ministre, Shinzo Abe, et par le patron du groupe Toyota, Fujio Cho ; la qualité de son dossier ; le soutien de la population, concrétisé par un sondage du CIO selon lequel 70% de la population de Tokyo serait favorable à l’organisation sur son sol des Jeux de 2020.
Craig Reedie n’en a pas fait mystère : la compacité du projet japonais pourrait s’avérer décisive au moment du vote, le 7 septembre prochain à Buenos Aires. La commission d’évaluation a eu l’opportunité de visiter certains des lieux de compétition. Elle a pu vérifier, de visu, que pas moins de 28 des 33 sites de la ville se trouvent dans un rayon de 8 km du village des athlètes. Il lui a également été assuré, et sûrement répété plusieurs fois, que 87 000 chambres d’hôtel étaient déjà recensées à moins de 10 km de ce même village olympique.
Tokyo a passé brillamment l’obstacle. De l’avis général, son dossier occupe provisoirement la pole-position de cette course à trois. Mais il faudra attendre les visites successives de la petite troupe du CIO à Madrid (18 au 21 mars), et plus encore à Istanbul (24 au 27 mars), avant de s’aventurer à oser un classement. Il ne serait pas étonnant, en effet, que Sir Craig Reedie s’y dise également « extrêmement impressionné. »