La boucle est bouclée. Après Tokyo, puis Madrid, la commission d’évaluation du CIO pour les Jeux de 2020 a posé ses sacs et ses regards experts à Istanbul. Une visite de quatre jours, débutée dimanche dernier, achevée ce mercredi 27 mars. Au Japon, les envoyés olympiques s’étaient dits « très impressionnés. » En Espagne, ils avaient assuré que les Jeux, s’ils étaient accordés à Madrid, seraient « viables » malgré la crise qui secoue le pays. En Turquie, Sir Craig Reedie, le président de la commission d’évaluation, a insisté sur « l’excellente impression » laissée par la candidature d’Istanbul.
Face à une telle prudence dans les discours, bien malin qui pourrait s’aventurer à désigner un vainqueur. Les trois villes candidates avaient soigneusement préparé leur examen de passage. Elles ont été reçues brillamment. On s’y attendait. Le contraire aurait surpris.
Désignée pour être visitée la dernière, Istanbul a séduit. On s’y attendait aussi. La capitale turque en est à sa cinquième candidature. « Cette fois, nous y allons pour gagner », ne cessent de répéter ses dirigeants depuis de longs mois. Les indicateurs économiques plaident en sa faveur, avec un taux de croissance à faire pâlir les Espagnols. Sa population est jeune et ses infrastructures partiellement construites. Son soutien politique se révèle sans faille, comme en attestent la présence du chef de l’Etat, Abdullah Gül, à l’arrivée de la troupe du CIO en Turquie, puis celle du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, lors du dîner officiel au soir de la deuxième journée.
Pendant les quatre jours de la visite de la commission d’évaluation, l’équipe d’Istanbul 2020 a expliqué que les problèmes de circulation, fréquents dans la capitale, seraient partiellement réglés à l’époque des Jeux. Elle a assuré que les athlètes et spectateurs bénéficieraient de conditions d’hébergement luxueuses et abordables, grâce à une capacité hôtelière de plus de 100 000 chambres en 2020, soit environ trois fois les besoins olympiques. Enfin, la Turquie a promis qu’en cas de victoire, le délai entre les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques, souvent compris entre 7 et 10 jours, serait réduit à seulement 5 journées.
Certes, le budget prévisionnel des Jeux à Istanbul, estimé à un peu moins de 15 milliards d’euros, s’avère de loin le plus élevé des trois villes candidates. Un excès de dépenses qui pourrait jouer contre le dossier turc, le CIO se montrant de plus en plus réticent à voir une ville et un pays vider leurs caisses pour financer les Jeux. Mais Gilbert Felli, le directeur exécutif de l’institution olympique, a atténué lui-même cet handicap, mercredi en conférence de presse, en expliquant être bien conscient que ces investissements seraient réalisés par la Turquie, Jeux olympiques ou pas.
Les Turcs ont-ils su convaincre ? Sûrement. Mais, avant eux, Japonais et Espagnols y étaient également parvenus. Istanbul peut attendre la suite avec impatience. Et espérer que l’originalité de son concept, des Jeux d’été à cheval sur deux continents, parvienne à séduire une majorité des membres du CIO.