Jacques Rogge aurait-il oublié que le français est langue officielle du mouvement olympique ? La question mérite d’être posée à la lecture d’un entretien publié par le quotidien Le Parisien dans son édition du jeudi 18 avril. A la question du journaliste, Bertrand-Régis Louvet, sur les conseils qu’il donnerait à la France pour améliorer sa visibilité olympique, le dirigeant belge avance cette réponse : « Apprenez à parler l’anglais ! Vos représentants sportifs possèdent d’indéniables qualités, mais la langue usuelle des échanges internationaux, c’est l’anglais. Bernard Lapasset le parle très bien, ainsi que l’espagnol. »
Sans chercher à lire entre les lignes d’un conseil par ailleurs frappé au coin du bon sens, la remarque de Jacques Rogge inspire deux réflexions. Primo, mener une candidature olympique sans être capable de s’adresser aux électeurs dans un anglais parfait revient à courir à l’échec. On le savait. Mais l’entendre de la bouche du président d’un CIO créé par le Baron Pierre de Coubertin et installé à Lausanne peut faire réfléchir. Deuxio, Bernard Lapasset, nouveau capitaine de route des relations internationales du sport français, semble être considéré comme l’homme de la situation au sein de l’institution olympique. Un bon point. Surtout à la veille de l’annonce par Bernard Lapasset de sa candidature à la tête de SportAccord.
Le propos de Jacques Rogge n’a pas laissé indifférent le monde francophone. Interrogé par FrancsJeux, le secrétaire général de la Francophonie (OIF), le Sénégalais Abdou Diouf, suggère : « Soyez polyglottes. Telle est fondamentalement la conviction que je défends depuis toujours à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie. Oui, les francophones doivent savoir parler anglais et un anglais de qualité, oui ils doivent pouvoir s’exprimer en espagnol, en arabe, en russe, en portugais… La diversité linguistique est au cœur de notre action, au cœur des Jeux olympiques qui accueillent le monde entier, au cœur d’une société moderne, ouverte et plurielle. Ce faisant, les francophones contribuent activement à la promotion du français. Je leur dis : pratiquez, utilisez et exigez le français, mais soyez simultanément capables de communiquer en anglais et dans d’autres langues pour interagir avec le monde sans entrave, sans peur ».
Pour le reste, l’entretien accordé par Jacques Rogge au Parisien ne manque pas d’intérêt. En voici quelques extraits :
« J’espère une candidature sud-africaine pour 2024. Je le souhaite. »
« La question qui se pose, c’est Paris en 2024 (à propos d’une éventuelle candidature française aux Jeux d’été). Le CIO serait heureux de l’entendre car nous savons que la France organiserait très bien les Jeux. »
« Pour organiser les Jeux d’hiver, la France a de très bons atouts avec les connaissances, les sites, de beaux champions. Tout est déjà en place. Il suffit de trouver l’amalgame pour lancer une candidature. »
« Vous disposez d’un CNOSF avec un bon président. Bernard Lapasset est une grande personnalité. Le sport fonctionne bien en France. »
« Si nous avions sorti le pentathlon moderne (du programme des Jeux de 2020), on nous aurait accusés de trahir l’héritage de Pierre de Coubertin. »
De cet entretien réalisé au siège du CIO à Lausanne, on retiendra également le souhait de Jacques Rogge de consacrer sa « vie d’après », lorsqu’il aura cédé les clefs de la maison en septembre prochain, à faire plus de sport, s’occuper de ses petits-enfants et s’adonner à sa passion de l’art contemporain.