Dans la course aux Jeux d’été de 2024, les Américains ne craignent pas de partir les premiers.
Au risque de voler le départ. Au contraire des Français, tous d’accord pour jurer leurs
grands dieux qu’évoquer dès maintenant une candidature de Paris est « prématuré », eux ne cachent par leurs intentions. En février dernier, le comité olympique américain (USOC) a adressé un courrier très
officiel aux maires de 35 villes des Etats-Unis, histoire de sonder leur motivation à se lancer dans l’aventure. Une liste volontairement très large, et pour le moins éclectique, puisqu’on y retrouvait tout aussi bien New York et Los Angeles que Rochester, tranquille cité de l’état de New York riche de 210.000 habitants.
Le résultat ne s’est pas fait attendre. Et, avouons-le, il impressionne. A en croire Scott Blackmun,
le patron de l’USOC, au moins dix villes auraient manifesté leur intérêt pour une candidature.
Deux l’ont fait très officiellement, Los Angeles et Philadelphie. Certaines ont demandé à ne pas être dévoilées publiquement, au moins pour l’instant. New York pourrait être dans le lot. Le maire de
Tulsa, dans l’Oklahoma, Dewey Bartlett, a fait savoir au comité olympique américain son projet de
Jeux olympiques placés sous le signe de l’héritage indien. A l’inverse, Chicago s’est déjà retiré de
la course. Son échec face à Rio, pour les Jeux de 2016, a laissé quelques traces et, accessoirement, une addition de 90 millions de dollars.
La dernière en date des propositions reçues par l’USOC peut surprendre. En début de semaine, Scott Blackmun aurait été approché par des représentants californiens à propos d’une candidature commune de San Diego et de Tijuana, au Mexique, ville située juste de l’autre côté de la frontière américaine. Le président de l’USOC a assuré ne pas avoir eu encore le temps de « l’étudier très en détail. » Mais ce projet serait contraire à la charte olympique, car porté conjointement par deux pays voisins.
A l’USOC, cet afflux de courrier venant de tout le pays donne des couleurs à tout le monde. Malgré les échecs successifs de New York (2012) et Chicago (2016), les Etats-Unis vibrent encore pour l’idéal olympique. Scott Blackmun répète comme un refrain qu’il n’a encore été établi aucun calendrier, pas plus qu’il n’a été décidé très précisément quel processus serait choisi pour désigner la ville candidate pour l’élection des Jeux de 2024, prévue en 2017. Mais une chose est sûre : les Américains seront dans la course. Et ils pourraient bien en être les favoris.
Sans chercher à sonder l’insondable, il apparaît clair que la perspective d’une candidature américaine aux Jeux de 2024 devrait avoir une influence sur le scrutin des Jeux de 2020. Entre Madrid, Istanbul et Tokyo, les membres américains du CIO pourraient être tentés de voter pour l’une des deux premières. Une victoire d’une capitale européenne réduirait en effet nettement les chances d’une autre ville du Vieux Continent de l’emporter quatre ans plus tard. Elle éloignerait de la route des Etats-Unis des dossiers a priori aussi solides que ceux, déclarés ou pas, préparés par Rome, Berlin ou Paris.