L’avenir olympique de la lutte se jouera sans doute à la fin de ce mois de mai, à Saint-Pétersbourg. Menacé de disparaître du programme après les Jeux de Rio en 2016, le sport passera un « grand oral » devant la commission exécutive du CIO, réunie en Russie à l’occasion de la convention SportAccord. Les sept autres candidats à une entrée aux Jeux (ou un retour, dans le cas de lutte) s’essayeront au même exercice. Mais, selon plusieurs sources internes au CIO, seuls le karaté, le squash et la lutte auraient leurs chances.
Il reste donc moins de deux semaines à la Fédération internationale de lutte (FILA) pour revoir sa copie et préparer son argumentaire. Le temps presse. L’heure est à la mobilisation. Mais, curieusement, ses dirigeants se déchirent. L’ex président, le Suisse Raphaël Martinetti, poussé à la démission après la décision du CIO d’exclure la lutte, a saisi en début de mois le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) dans l’espoir d’empêcher la tenue d’un Congrès extraordinaire, organisé ces deux prochains jours (18 et 19 mai) à Moscou. Le Suisse a également contesté, toujours devant le TAS, l’élection de son successeur, le Serbe Nenad Lalovic, désigné par ses pairs pour assurer l’intérim.
Le Tribunal Arbitral du Sport a débouté Raphaël Martinetti. Mais il lui a néanmoins permis de rester membre du Bureau directeur. Le Congrès de la FILA aura bien lieu. Mais dans quelle ambiance ? Certes, l’avenir olympique de la lutte y figure en tête de l’ordre du jour. La Fédération doit approuver les modifications proposées pour rendre la lutte plus attractive et plus moderne. Mais le Congrès doit également entériner par un vote l’élection de Nenad Lalovic pour la fin du mandat de son prédécesseur, prévu en septembre 2014. Un scrutin qui pourrait bien affaiblir le consensus de la FILA.
Heureusement, la réalité du terrain révèle un autre visage. Depuis la décision de la commission exécutive du CIO de proposer son exclusion des Jeux, la lutte se mobilise, multiplie les initiatives et se découvre des alliés dont elle ignorait l’existence. En début de semaine, une réunion d’un genre inédit s’est déroulée à New York, dans une salle de la Gare centrale, en plein Manhattan. Baptisée « Rumble on the Rails », elle a réuni sur un même tapis de compétition des lutteurs américains, russes et iraniens. La manifestation se voulait symbolique de la solidarité d’un sport dont la présence aux Jeux remonte à plus d’un siècle. « Réunir ainsi des représentants de ces trois pays autour d’une même cause, la politique n’y parviendrait jamais, pouvait se féliciter un dirigeant de la Fédération américaine. Mais nous l’avons fait. Et nous le referons si nécessaire, pour sauver notre sport. »
A la veille de la compétition, les lutteurs américains, russes et iraniens avaient tenu une conférence de presse dans l’immeuble des Nations-Unies. Le lieu se voulait, lui aussi, hautement symbolique. A leurs dirigeants, maintenant, de suivre la même voie.