L’attente a été longue, souvent crispante, pas toujours bien expliquée. Mais elle vient, enfin, de se terminer par le résultat que le mouvement sportif français espérait : Tony Estanguet, le triple champion olympique de canoë-kayak, fait son entrée au CIO. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rejeté la demande du lanceur de marteau japonais Koji Murofushi, comme il l’avait fait quelques mois plus tôt de celle du Taïwanais Mu-Yen Chu, un spécialiste du taekwondo.
Initialement élus par leurs pairs, lors du scrutin organisé pendant les Jeux de Londres, les deux athlètes asiatiques avaient vu leur élection invalidée immédiatement par le CIO. Il leur avait été reproché d’avoir fait campagne, une démarche interdite par le règlement de l’institution olympique.
L’un et l’autre ont saisi le TAS. En vain. La nageuse du Zimbabwe, Kirsty Coventry, et Tony Estanguet, arrivés respectivement en 5ème et 6ème position à l’issue du scrutin, intègrent donc le CIO au sein de la commission des athlètes. Ils y rejoignent les deux autres nouveaux entrants, le rameur australien James Tomkins et la tireuse slovaque Danka Bartekova.
Comme ses trois autres « collègues », Tony Estanguet siègera à la commission des athlètes du CIO, où il est élu pour un mandat de huit ans. Cet « organe consultatif », créé par Juan Antonio Samaranch en 1981, est appelé à se réunir deux fois par an. Ses membres émettent des recommandations, participent à certains groupes de travail et au processus d’évaluation des villes candidates, collaborent avec les CNO et les Fédérations internationales… Ils votent pour le choix des villes appelées à recevoir les Jeux. Ils sont dans la place.
Une élection plus formelle, prévue début juillet à Lausanne, où les quatre athlètes devront recueillir au moins la moitié des suffrages, rendront les choses plus officielles. Tony Estanguet deviendra alors membre de droit du CIO, le 17ème français de l’histoire, jusqu’aux Jeux de 2020.
La décision du TAS fait bien évidemment les affaires de Tony Estanguet, à coup sûr l’athlète français le plus armé, et le plus motivé, pour une carrière à l’international. Elle sert aussi les intérêts du mouvement sportif français, surtout dans l’hypothèse, certes encore floue, d’une prochaine candidature olympique. Avec son arrivée dans le saint des saints, la France compte trois membres du CIO : Jean-Claude Killy, Guy Drut et Tony Estanguet.
Le rejet de l’appel de de Koji Murofushi constitue un coup dur pour le Japon. A quelques mois du vote de l’Assemblée générale du CIO pour la ville-hôte des Jeux d’été de 2020, la candidature de Tokyo aurait sûrement su profiter de la présence au sein de l’institution d’un athlète du charisme du lanceur de marteau, champion olympique en 2004 et médaillé de bronze à Londres. Mais, paradoxalement, elle garantit sans doute une voix de plus pour Tokyo. En tant que Japonais, Koji Murofushi n’aurait pu prendre part au vote tant que Tokyo était en lice, comme tous les représentants des pays engagés. Tony Estanguet, de son côté, pourra voter. Et il apparait évident que la France aura tout intérêt à choisir le dossier asiatique, au détriment des européens Istanbul et Madrid, afin de préserver les chances d’une éventuelle candidature de Paris 2024.