Signe des temps : le projet le plus novateur du tennis mondial est une invention indienne. Et il pourrait dérouler son décor dans plusieurs pays asiatiques. Son nom : IPTL. International Premier Tennis League. Quatre lettres derrière lesquelles se cache une forme de révolution : la création d’une ligue professionnelle de tennis, à la façon de la NBA, regroupant six franchises et basée en Asie.
L’idée est lancée par Mahesh Bhupathi, un joueur indien aux portes de la retraite. S’inspirant du succès de la ligue indienne de cricket, qui regroupe depuis cinq ans les meilleurs joueurs du monde, cet ancien numéro 1 mondial en double a imaginé un système de rencontres disputées en cinq matchs d’un set, pour une durée totale de 3 heures, avec des équipes comprenant de six à dix joueurs. A chaque fois, le programme consisterait en une succession de simples messieurs et dames, de doubles messieurs et mixtes, ainsi qu’un simple réunissant des légendes du tennis, comme Andre Agassi, Pete Sampras et Pat Rafter.
Détail non sans importance : l’argent coulerait à flot. Les rémunérations accordées aux joueurs seraient comprises entre 4 et 10 millions de dollars, soit environ 3,2 à 8 millions d’euros. Les joueurs, classés en cinq catégories en fonction de leur classement mondial, de leur popularité ou de leur potentiel, devraient être choisis par les franchises lors d’enchères qui auront lieu en janvier 2014, juste avant l’open d’Australie. La première édition de l’IPTL pourrait se tenir en novembre et décembre 2014.
Fausse bonne idée ou projet révolutionnaire ? Difficile de trancher. Sur le principe, le concept n’est pas inédit. Il ressemble comme un frère au projet de la World TeamTennis (WTT), une ligue pro lancée en 1973, dont l’impact très relatif n’a jamais dépassé les frontières des Etats-Unis. Mais Mahesh Bhupathi en est convaincu : les diffuseurs vont mordre à l’hameçon. Plusieurs chaînes de télévision, approchées par l’Indien, auraient déjà réservé à son projet très favorable.
Les joueurs, eux, se disent plutôt emballés. Novak Djokovic parle d’une idée « révolutionnaire » et assure que l’IPTL pourrait « aider à accroître la popularité du tennis. » Rafael Nadal applaudit lui aussi des deux mains, s’avouant « excité à la perspective de jouer dans cette nouvelle ligue asiatique. » Andy Murray lui emboite le pas. « C’est fantastique », assure sans nuance Victoria Azarenka. Quant à Serena Williams, elle avance que « jouer avec ces gars (les légendes du tennis) serait un rêve qui se réaliserait. » Rien de moins. Reste l’essentiel : trouver une place durable dans un calendrier déjà surchargé.
La fin de l’année constitue aujourd’hui le seul moment de repos, donc de vacances, pour des joueurs souvent prompts à se plaindre des cadences infernales du circuit. Pas sûr qu’ils acceptent d’y renoncer pour aller taper la balle en Asie, dans des rencontres sans enjeu pour leur classement mondial. Même pour quelques millions de dollars.