Le basket féminin remplit les salles, en France, surtout depuis la médaille d’argent des Bleues aux Jeux de Londres. L’Euro 2013, organisé sur le territoire français du 15 au 30 juin, en apportera la preuve. Mais l’évènement n’a convaincu aucun sponsor. Jean-Pierre Siutat, le président de la Fédération française de basket-ball (FFBB), l’a révélé à FrancsJeux.
FrancsJeux : Nous sommes aujourd’hui à trois semaines pile du début de l’Euro féminin 2013 en France. Où en est la préparation de l’évènement ?
Jean-Pierre Siutat : Le comité d’organisation est dans les temps. Son équipe travaille en ce moment presque jour et nuit. Tout sera prêt. Certaines salles utilisées pour le tournoi ont été construites ou modernisées spécialement pour l’occasion, comme à Trélazé ou à Orchies. Leur inauguration a eu lieu ou va l’être ces prochains jours. Quant à la billetterie, elle a fonctionné à fond. Pour les rencontres de l’équipe de France, nous en sommes à essayer de récupérer des billets mis à la disposition de la FIBA, car tout a été vendu et la demande n’a pu être entièrement satisfaite. L’Euro 2013 se jouera à guichets fermés.
A propos de salles, pourquoi avoir fait le choix de disputer les rencontres dans des villes petites ou moyennes, comme Vannes, Trélazé, Orchies ou encore la commune de Mouilleron-le-Captif, dans les environs de la Roche-sur-Yon ?
J’ai déjà assisté à suffisamment de championnats d’Europe pour savoir que jouer dans des enceintes trop grandes peut constituer une contre-publicité pour le basket féminin. Des salles de 4500/5000 places pour l’équipe de France, et environ 2 à 3000 pour les autres matchs, constituent le bon format.
Vous avez ignoré Paris…
Nous avons lancé un appel à candidatures auprès des villes françaises deux ans en arrière. Je peux dire aujourd’hui que l’Euro va se disputer dans les communes qui voulaient vraiment l’évènement. Paris n’en fait pas partie. Mais nous n’en avons de toute façon pas les moyens. La location seule de Bercy coûte 50 000 € par jour.
C’est au-dessus de votre budget ?
Largement, oui. Un Euro féminin de basket coûte 6 millions d’euros. Mais les recettes sont limitées, car le pays organisateur ne récupère rien sur les droits de télévision, et il a droit à un seul partenaire privé. Depuis deux ans, nous consacrons un euro par an et par licencié au budget de l’évènement.
La crise a-t-elle eu un impact sur l’organisation de l’Euro ?
Je vais vous donner une information qui peut surprendre : l’unique partenaire privé que le cahier des charges nous autorisait, nous ne l’avons pas trouvé. Et pourtant, nous avions établi un ticket d’entrée à 200 000 €. Donc, soit nous sommes mauvais, soit nous avons été victimes de la crise, soit encore le sport féminin n’intéresse vraiment pas les potentiels sponsors.
Après deux championnats d’Europe féminins et un autre masculin organisés en France au cours de ces quinze dernières années, pensez-vous désormais à une candidature pour un Mondial ?
Un Mondial masculin c’est 45 millions d’euros. Pour la France, c’est hors de prix. Nous irons peut-être, mais sûrement pas seuls. Nous n’en aurions ni les moyens ni les salles. Quant à un Mondial féminin, il coûte également très cher, et la présence de l’équipe américaine nous contraindrait à viser au mieux la deuxième place.
Et pourtant, vous êtes cités parmi les présidents de fédération les plus enthousiastes à l’idée d’une candidature de Paris pour les Jeux de 2024…
C’est exact. Je fais partie de ceux qui pensent que le sport français doit se montrer ambitieux. Nous possédons un incontestable savoir-faire en matière d’organisation de grands évènements sportifs. Mais nous manquons de moyens.