Candidatures

Istanbul, l’union dans le désordre

— Publié le 5 juin 2013

Le CIO n’aime pas le désordre. C’est ainsi. Le soulèvement populaire qui embrase Istanbul et plusieurs autres villes de Turquie depuis plusieurs jours est donc observé par les membres de l’institution olympique avec un réel embarras. La capitale turque est candidate à l’accueil des Jeux de 2020, où elle fait face à Madrid et Tokyo. Ces derniers mois, sa cote montait en flèche. A Lausanne, au siège du CIO, il se murmurait même que les Turcs se présenteraient en favoris, le 7 septembre 2013, jour de l’élection de la ville hôte des Jeux. Mais aujourd’hui ? Le dossier d’Istanbul 2020 supportera -t-il les mauvais coups d’une fronde anti-gouvernementale dont personne ne peut prédire la durée et l’issue ?

A Istanbul, on y croit dur comme fer. L’équipe de candidature a publié un communiqué de presse dès les premiers jours des manifestations dirigées contre le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan. Son propos se veut rassurant. « En dépit des évènements récents, toutes les composantes de la Turquie restent unies derrière notre rêve de recevoir pour la première fois les Jeux olympiques et paralympiques en 2020, explique le communiqué. Le slogan de notre candidatures est « Bridge together », et il y a un désir commun de rester unis dans l’esprit olympique et montrer au monde que nous pouvons œuvrer ensemble à la construction d’une meilleure Turquie. »

Dans les bureaux du siège d’Istanbul 2020, chacun s’active à la préparation des prochaines échéances de la candidature : la réunion de l’ANOC (Association des comités olympiques nationaux) à Lausanne le 14 juin, puis la présentation technique des trois villes candidates devant le CIO, toujours à Lausanne, le 3 juillet. L’équipe de candidature ne relâche pas la pression. « Nous bossons sans relâche », explique l’un de ses cadres. Elle se montre notamment très présente sur le terrain, en Turquie, déployant son logo sur tous les événements sportifs du pays.

Ces deux derniers jours, deux membres du CIO se sont voulus eux aussi rassurants. Et non des moindres. Denis Oswald, le président suisse de la FISA, candidat déclaré à la succession de Jacques Rogge, l’a dit sans nuance : « Nous en sommes au début d’un mouvement de protestation, comme en connaissent d’autres pays démocratiques. Mais je ne pense pas que ces événements puissent forcément affecter la candidature d’Istanbul. Nous sommes à trois mois de l’élection. Il faudra suivre l’évolution de la situation, mais il est prématuré de penser que cela constitue une menace pour la candidature. »

Même son de cloche chez Thomas Bach, un autre poids lourd du CIO, lui aussi candidat à la présidence de l’institution. L’Allemand se veut même plus catégorique : « Cela n’aura aucune influence sur la décision des membres du CIO. Ils sont tous assez expérimentés pour savoir que nous parlons d’une candidature pour des Jeux prévus dans sept ans. »

Il n’empêche, la situation en Turquie ne pourra être tout à fait absente de la campagne des trois derniers mois. Malgré toute leur expérience, les membres du CIO vont observer de près la façon dont le gouvernement turc, Erdogan en tête, saura gérer la crise. S’il y parvient en respectant les valeurs démocratiques, le dossier d’Istanbul n’en sera que plus fort. Dans le cas contraire, il pourrait y laisser des plumes.