Les temps sont durs pour les organisateurs des Jeux d’hiver de Sotchi 2014. A chaque semaine, ou presque, son lot de coups durs et de mauvaise presse. Début juin, un rapport de l’opposition au régime de Vladimir Poutine prétendait que 25 à 30 milliards de dollars auraient été détournés par des proches du pouvoir, via l’attribution de marchés publics de construction des sites réalisés sans le moindre appel d’offres.
A son tour, un quotidien estonien, Postimees, se range dans la file des nombreux détracteurs de l’organisation russe des Jeux d’hiver. Son article, publié le 7 juin, dénonce la façon dont les autorités cherchent à censurer l’information sur les nombreux contretemps dans la préparation des sites de compétition. En voici un extrait :
« Récemment, une énorme inondation a eu lieu à Krasnaïa Poliana [le principal site olympique], là où est notamment situé le village des Estoniens et à côté duquel des pistes de ski de fond sont en cours de construction. L’eau venue des montagnes a inondé les travaux, à tel point qu’on n’apercevait plus que les flèches des grues. Les ouvriers ont dû être évacués rapidement. On estime qu’il s’agit de centaines de tonnes de matériel de construction noyées sous les eaux.
L’inondation a été rendue publique seulement après qu’une personne mal intentionnée – sans doute un agent étranger – a posté une vidéo sur Internet. Les organisateurs n’ont pas commenté l’événement. Ils ont juste reconnu qu’il y avait une « petite inondation » mais que rien de grave ne s’était produit.
C’est la population qui a commencé à envoyer des commentaires sur les réseaux sociaux, en supposant que la situation devrait réjouir les fournisseurs de matériel : « Qu’est-ce qu’on peut amortir comme matériel technique maintenant ! » ; « Ils enverront un télégramme à Moscou pour dire que les grues et les pelleteuses sont noyées et qu’il faut les remplacer par d’autres, envoyez-nous deux milliards de roubles. »
Deux milliards de roubles ne constituent qu’une petite part du budget des Jeux olympiques, dont personne ne connaît le montant exact. Dmitri Kozak, vice-Premier ministre chargé de l’organisation des Jeux, a parlé de 1.200 milliards de roubles, en affirmant que la plus grande partie irait à la rénovation de la ville de Sotchi (les locaux estiment que l’essentiel de ces sommes pourrait aller tout droit dans la poche des fonctionnaires). On parle de 29,5 milliards d’euros, soit l’équivalent de presque quatre années du budget de l’Etat estonien ! »
A Sotchi, le compte-à-rebours indiquait, lundi 10 juin, 270 jours avant l’ouverture des Jeux d’hiver. Largement assez pour terminer les travaux et boucler les derniers détails de la préparation, assurent les organisateurs. Assez, également, pour déchaîner les critiques et les railleries, de la presse étrangère, de l’opposition politique et même de la population locale.