Le roi Pelé aurait-il perdu son sens du patriotisme ? Interrogé par l’agence allemande SID, à quelques jours du début de la Coupe des Confédérations de football (15 au 30 juin), l’ancien attaquant de la Seleçao n’a pas caché une pointe d’inquiétude quant à l’état d’avancement de l’immense chantier du Mondial 2014. « Les stades et les infrastructures nous inquiètent un peu, a lâché Pelé. Le gouvernement voit maintenant qu’il est intervenu trop tard et qu’il y a des difficultés financières (…) J’espère que nous pouvons rattraper ce retard pour que tout soit prêt afin d’organiser une belle Coupe du Monde. »
A une année de l’évènement, tout est encore possible. Pelé l’espère, la classe politique le jure, les supporteurs en doutent. Mais dans l’immédiat, le tableau présenté par le Brésil à la FIFA et aux médias étrangers laisse une impression d’immense désordre. Quatre des six stades où vont se disputer les matchs de la Coupe des Confédérations ont été livrés en retard. A Salvador, une partie de la toiture de la nouvelle enceinte s’est déchirée après de fortes pluies, le mois dernier, « en raison d’une erreur humaine. »
Meilleur exemple : le stade Mané Garrincha, à Brasilia. L’un des joyaux du dispositif, construit en 1974, mais agrandi et rénové pour le Mondial 2014. Ses travaux devaient coûter environ 280 millions d’euros. La facture finale approche les 530 M€. Lors d’un récent match test, entre Santos et Flamengo, l’attente était tellement longue aux contrôles de sécurité, pour accéder aux tribunes, que les organisateurs ont finalement décidé de les supprimer. Il fallait des heures pour accéder aux buvettes.
Ailleurs, la situation s’avère souvent très comparable. Au Maracana, les sièges flambants neufs sentent encore le plastique, mais ils se démontent déjà. A Fortaleza, il a fallu plus de cinq heures aux spectateurs d’un concert de Paul McCartney pour rejoindre le centre-ville en voiture, pourtant distant de seulement 5 kilomètres.
Prédiction de Gesner de Oliveira, un expert en infrastructure : « Sans une bonne régulation et des encouragements aux investissements, ça va être un désastre. » Preuve de l’inquiétude générale, cet aveu du ministre des Sports, Aldo Robelo : « Il ne suffit pas d’augmenter la capacité des aéroports s’ils ne peuvent pas fonctionner de façon satisfaisante, s’il y a des files d’attente interminables et des retards dans l’envoi et l’arrivée des bagages. » Sur les autoroutes, les bouchons atteignent parfois 200 km !
A la FIFA, la situation ne cesse d’inquiéter. Les dirigeants de l’institution ont multiplié les signaux d’alarme et les menaces, au cours des derniers mois. En coulisses, ils ont aussi fait fonctionner la calculette. Selon les dernières estimations, le Mondial 2014 devrait rapporter 4 milliards de dollars de recettes, dont 60% issus des droits télé. Là, au moins, tout va bien.