L’effet olympique n’a qu’un temps. Les Britanniques le savaient. Une enquête réalisée par Sport England en apporte une confirmation chiffrée, laissant peu de place au doute. En octobre dernier, deux mois seulement après les Jeux de Londres, l’Angleterre recensait 15,5 millions de « sportifs », à savoir d’individus âgés de 16 ans ou plus, pratiquant une activité sportive au moins une fois par semaine, à raison de 30 minutes minimum par séance. Un record. En avril 2013, soit six mois plus tard, cette population a déjà perdu 200 000 personnes.
Un effet de lassitude, rien de plus. Et, selon les analystes, une conséquence directe d’un hiver particulièrement froid sur le Royaume-Uni. Il n’empêche, les Anglais sont encore 1,4 million de plus à pratiquer un sport qu’ils l’étaient en 2005, année où le CIO a attribué à Londres les Jeux olympiques et paralympiques de 2012.
Surtout, le détail des chiffres révèle, sans grande surprise, que les disciplines olympiques les plus médiatisées ont bénéficié à fond de l’effet olympique. A l’inverse, les sports non inscrits au programme ont perdu des licenciés. Avec 2,9 millions de pratiquants réguliers, la natation reste le sport le plus prisé par les Anglais. Le nombre de nageurs a grimpé de 2,39% entre avril 2012 et avril 2013. Avec 1 million 960 000 adeptes, l’athlétisme pointe à la deuxième place. Et, surprise, devance le football d’environ 20 000 personnes. Une forme de révolution, facilement explicable par les résultats historiques obtenus par les athlètes britanniques aux Jeux, Mo Farah et Jessica Ennis en tête.
Très en vue aux Jeux de Londres, surtout en deuxième semaine, la boxe bénéfice à plein de l’effet olympique, notamment chez les femmes. Ses effectifs sont en hausse de près de 8% (150 000) au cours des 12 derniers mois. A l’inverse, le golf (- 14,89%), le squash (- 8,32 %), le cricket (- 10,36%) et le rugby (- 15,75%) payent tous assez cher de ne pas avoir été conviés à la grand-messe des Jeux de Londres.
En Grande-Bretagne, ces résultats sont l’objet de commentaires très diversifiés. Pour le gouvernement, compter encore plus de 15 millions de sportifs réguliers, au sortir de l’hiver, démontre que les Jeux ont laissé au pays un héritage dont les effets se mesurent en termes de bien-être et de santé publique. L’opposition, de son côté, pointe du doigt que 20 des 29 sports concernés par le sondage voient leur effectifs diminuer dans des proportions plus ou moins importantes. Preuve de l’incapacité des pouvoirs publics à mettre en place une stratégie à long terme pour profiter durablement de l’effet olympique.
Une chose est sûre : organiser les Jeux se traduit dans tous les pays par un boom spectaculaire de la pratique sportive, au cours des premiers mois suivant l’évènement. Mais il appartient au pays-hôte d’anticiper l’afflux de nouveaux licenciés, sous peine d’en perdre par milliers aux premiers coups de froid.