Saisissant contraste. Au Brésil, la journée du jeudi 20 juin a été marquée par des manifestations historiques, en marge de la Coupe des Confédérations de football. Plus d’un million de manifestants ont déferlé dans les rues des grandes villes. Un jeune homme de 18 ans a trouvé la mort. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées, certaines grièvement. Le sport passe au second rang. Les matchs de la Coupe des Confédérations en deviendraient même anecdotiques.
En Turquie, le mouvement populaire contre le régime en place n’a toujours pas baissé les bras. Mais il semble occulté, depuis quelques jours, par l’organisation conjointe de deux des évènements majeurs de l’année, les Jeux Méditerranéens à Mersin, organisés du 20 au 30 juin, et la Coupe du Monde de football des moins de 20 ans, prévue en Turquie du 21 juin au 13 juillet.
A Mersin, Jacques Rogge, le président du CIO, et Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre, se sont partagés jeudi soir les honneurs de la cérémonie d’ouverture. Le premier s’est révélé très sobre. Le second, invité à déclarer les Jeux ouverts, s’est fendu d’un discours un rien politique, vantant les valeurs du sport et sa capacité à rapprocher les peuples. Aucun incident n’a été relevé.
Depuis leur arrivée au village des athlètes, les délégations s’avouent plutôt satisfaites du décor et de l’organisation. « Tout va bien, tout est calme, assure Denis Masseglia, le président du Comité olympique français. Les Turcs font d’énormes efforts pour que ces Jeux soient une réussite dans l’optique de l’élection de la ville hôte des JO de 2020 », où Istanbul est en concurrence avec Madrid et Tokyo.
Même son de cloche du côté de l’équipe de France de voile olympique. Guillaume Chiellino, son directeur, raconte : « Nous sommes très agréablement surpris par l’ensemble du site et des infrastructures ici à Mersin. A départ, ces Jeux Med devaient être organisés par la Grèce et le contexte économique a rendu les choses impossibles. La Turquie a repris le flambeau il y a seulement 18 mois. La Marina est flambant neuve et le village est très grand. On peut vraiment parler de « Mini JO ». C’est vraiment l’esprit que cela donne même si globalement les athlètes sont plus jeunes. »
A Istanbul, où l’équipe de France de football des moins de 20 ans a posé ses malles avant d’entamer le tournoi mondial, joueurs et entraîneurs assurent ne rien avoir remarqué de l’agitation populaire. Pierre Mankowski, le sélectionneur, explique avoir été se promener longuement autour de l’hôtel des Bleus : « Tout est très calme. Il est impossible de deviner que des manifestants occupent certaines parties de la ville. »
Seul bémol : les critiques du directeur de l’équipe tunisienne, Riadh Azaiez, sur l’organisation des Jeux Méditerranéens à Mersin. « La distance est beaucoup trop longue entre le restaurant et le village ainsi que les stades d’entraînement, s’est plaint le technicien auprès de la presse de son pays, à deux jours de l’ouverture. Et les transports manquent de coordination. »
Les deux compétitions ne font que commencer. Elles seront observées de très près. Pas seulement pour leurs résultats sportifs.
— Publié le 21 juin 2013