On l’attendait pour y voir plus clair. En vain. Publié ce mardi matin par le CIO, le rapport de la commission d’évaluation des villes candidates aux Jeux de 2020 apporte peu de lumière. La course de vitesse entre Istanbul, Madrid et Tokyo semble toujours aussi indécise. A la lecture des quelques 118 pages du document, bien malin qui pourrait dénicher un favori ou pointer un battu d’avance.
Etabli à la suite de la visite de quatre jours de la commission d’évaluation du CIO dans les trois villes candidates, au mois de mars dernier, le rapport ne se risque à aucun classement. A la place, il offre un décryptage détaillé des trois dossiers, en insistant notamment sur les questions de budget, d’hébergement, de transports, de sécurité, d’implantation des sites et de soutien de la population.
A ce jeu, Istanbul, Madrid et Tokyo présentent toutes les trois l’allure d’élèves irréprochables. Plus étonnant : les faiblesses et handicaps attribués à chacune des trois villes n’en seraient pas, finalement, aux yeux des experts du CIO. Madrid, dont le dossier paraissait plombé par la crise économique que traverse l’Espagne, présente selon le rapport toutes les garanties financières pour organiser des Jeux d’été en 2020. Istanbul, dont la cote a longtemps été très haute, avant de chuter depuis le début des manifestations populaires contre le régime au pouvoir, ne serait pas affecté par son instabilité sociale et les risques sur la sécurité des Jeux. Enfin, le relatif désintérêt de la population japonaise pour les Jeux à Tokyo, souvent présenté comme un point faible, serait largement compensé par la qualité du dossier asiatique et sa solidité financière.
Une égalité parfaite, donc. Ou presque. En réalité, nul besoin de lire l’avenir dans le marc de café pour comprendre que la publication du rapport de la commission d’évaluation profite surtout aux intérêts de Madrid. La capitale espagnole, jugée longtemps comme battue d’avance, revient dans la course. A moins de trois mois du vote, prévu le 7 septembre à Buenos Aires, elle a comblé son retard. Et pourrait bien, selon certains bruits de couloir, coiffer tout le monde sur le fil. Un scénario qui ne ferait pas les affaires des candidats potentiels de l’Europe pour les Jeux de 2024, Paris en tête, dont les chances de victoire quatre ans plus tard se réduiraient en poussière.
Reste que rien n’est jamais écrit d’avance avec le CIO. Istanbul, Madrid et Tokyo peuvent encore l’emporter. Tour se jouera au cours des prochaines semaines. Avec une étape importante : la présentation par les trois villes candidates des atouts et détails de leur dossier, les 3 et 4 juillet prochain à Lausanne, devant les membres du CIO.