Difficile de ne pas vouloir lire entre les lignes. En préambule de sa session extraordinaire, prévue aujourd’hui et demain (3 et 4 juillet) à Lausanne, le CIO s’est choisi neuf nouveaux membres. Une petite colonie de candidats nominés mardi 2 juillet par la commission exécutive de l’institution olympique pour être présentés, et à coup sûr élus, lors de l’Assemblée générale le 10 septembre 2013 à Buenos Aires.
Parmi ses futurs nouveaux membres, deux noms connus des amateurs d’athlétisme : le Suédois Stefan Holm, champion olympique du saut en hauteur en 2004 à Athènes, et le Kenyan Paul Tergat, quintuple champion du monde de cross-country. Trois présidents de comités olympiques nationaux : l’Américain Larry Probst, le Russe Alexander Zhukov (ancien Premier ministre de Russie) et le Roumain Octavian Morariu. Enfin, quatre personnages au pedigree moins illustre : le Brésilien Bernard Rajzman (un ancien volleyeur, membre du comité olympique du Brésil), la Philippine Mikaela Maria Antonia Cojuangco-Jaworski (une ancienne cavalière devenue actrice et présentatrice de télévision), l’Ethiopienne Dagmawit Girmay Berhane (secrétaire générale du comité olympique d’Ethiopie), et le Néerlandais Camiel Eurlings (l’ancien patron de la compagnie aérienne KLM, membre du Parti chrétien démocrate).
Un absent de marque : Bernard Lapasset, le président de la Fédération internationale de rugby (IRB), nouvel homme fort des relations internationales du sport français. Pressenti pour être dans la liste, il n’y figure pas. « Avec l’arrivée de Tony Estanguet parmi les quatre nouveaux membres, élus aux Jeux de Londres, cela aurait fait trop de Français au CIO », suggère un proche du dossier. Avec Guy Drut et Jean-Claude Killy, déjà dans la place, plus Tony Estanguet, la France en aurait compté quatre avec l’arrivée de Bernard Lapasset.
Anodin ? Sûrement pas. En proposant ces neuf nouveaux entrants, dont pas le moindre francophone, la commission exécutive du CIO n’a pas seulement décidé de porter à 113 le nombre de ses membres, soit deux de moins que la limite fixée par les statuts de l’institution. Elle a surtout porté à quatre le nombre d’Américains au sein de son Assemblée générale. Larry Probst rejoint Anita DeFrantz, Jim Easton and Angela Ruggiero. Une arrivée qui place les Etats-Unis en position de force au moment où se profile de plus en plus nettement la candidature d’une ville américaine, Los Angeles, San Francisco, New York, voire Tampa ou Dallas, aux Jeux d’été de 2024.
Longtemps considérées comme tendues, pour raisons purement commerciales, les relations entre le CIO et l’USOC, le comité olympique américain, semblent désormais au beau fixe. A court terme, les effets de cette embellie sont encore difficiles à deviner. Larry Probst, comme ses huit pairs, deviendra officiellement membre du CIO lors de la session de l’instance olympique à Buenos Aires du 7 au 10 septembre. Il ne pourra pas voter pour le prochain président du CIO, pour la ville-hôte des Jeux Olympiques d’été de 2020 et pour le sport qui rejoindra le programme olympique après les JO de Rio, trois dossiers où la position américaine apparait encore assez floue. Mais il aura droit de vote quatre ans plus tard, pour le choix de la ville des Jeux d’été de 2024. Une élection pour laquelle les Etats-Unis n’ont pas encore désigné leur candidate, mais elle fait déjà figure de favorite.