Tony Estanguet, le triple champion olympique de canoë monoplace, a été intronisé la semaine passée membre du CIO. Le début d’une nouvelle carrière pour le slalomeur français. FrancsJeux l’a soumis au jeu des questions/réponses, au retour de sa première session extraordinaire du mouvement olympique, à Lausanne.
FrancsJeux : Quelles sont vos premières impressions de membre du CIO ?
Tony Estanguet : Je ne connaissais pas du tout le milieu du CIO, je le découvre. Les déplacements sont nombreux, les réunions fréquentes. Un rythme vraiment soutenu. J’étais à Shanghai pour une réunion, puis à Lausanne pour la session extraordinaire. Je dois avouer que je suis impressionné de voir tous ces grands noms du sport et de la politique sportive. J’ai encore beaucoup de travail pour être à niveau. En fin d’année, je devrai l’être sur mes dossiers, dont celui de la lutte antidopage. Au CIO, chaque propos est réfléchi. Là, j’observe avant de pouvoir intervenir de manière pertinente.
Qui connaissez-vous au sein de l’institution ?
Guy Drut et Jean-Claude Killy, les deux autres membres français. Ils m’ont été d’une grande aide pour commencer à comprendre les mécanismes. Mais il y a aussi le réseau francophone. La langue française permet de créer certaines affinités.
A ce propos, vous avez tenu à prononcer en français le serment du CIO, lors de votre intronisation. Pourquoi ?
Ce choix a été réfléchi et il m’a été conseillé. C’était une bonne décision. Je pense que la langue française est en perte de vitesse. Elle est langue officielle du CIO. Durant les présentations pour les Jeux olympiques de la Jeunesse, puis celles pour les Jeux d’été de 2020, il y a toujours quelques mots en français. Mais la présentation se fait à 90% en anglais.
Il y a donc vraiment un réseau francophone au CIO ?
Oui. Et il fonctionne bien. Mais je pense que la France a fait des erreurs dans le passé en voulant s’y imposer comme leader. Nous devrions plutôt nous inscrire dans une démarche de collaboration pour renforcer la francophonie dans le CIO. Je suis nouveau, je dois encore prendre la mesure de mes actes. Mais je ne veux pas être un leader pour la francophonie. Mon but est de me mettre à son service et de la soutenir.
Propos recueillis par Théodore Heitz