Le Tour de France n’est gratuit que pour ses spectateurs, massés le long de la route. Pour les villes étape, il en coûte 60 000 € pour accueillir le départ, ou 150 000 pour recevoir l’arrivée. Un ticket d’entrée auquel les communes doivent ajouter les frais liés à la sécurité, la communication, les infrastructures… Cher ? Au vu des retombées, sûrement pas. La preuve : elles seraient environ 250, chaque année, à postuler pour recevoir la Grande Boucle. Comment s’y prendre pour décrocher le pompon ? Les explications de Valéry Genniges, consultant pour le compte de plusieurs villes candidates, dont Porto-Vecchio et Leeds, choisies respectivement pour le Grand Départ de l’édition 2013 et 2014.
Francs Jeux : Comment faites-vous pour obtenir que le Tour de France passe, ou mieux encore s’arrête, dans l’une ou l’autre des villes dont vous défendez le dossier de candidature ?
Valéry Genniges : Il n’y a pas de règle ou de méthode toute faite. Chaque ville constitue un cas particulier. La stratégie à adopter dépend surtout de ce que veulent la ville ou le territoire concernés. Mais, dans tous les cas, il faut bien connaître l’épreuve pour anticiper sur son possible parcours. Et il faut débuter le travail longtemps à l’avance. Les choses ne se font pas un jour, elles s’inscrivent dans la durée.
Toutes les villes candidates font-elles appel à un consultant extérieur comme vous ?
Non. Certaines se débrouillent seules. Mais beaucoup se font effectivement aider par un consultant spécialisé.
Le choix des villes étapes peut s’avérer obscur de l’extérieur. Comment se déroule le processus de décision de la direction d’ASO, la société organisatrice de la Grande Boucle ?
Le Tour n’est pas comparable aux Jeux olympiques. Il n’y pas de vote pour désigner la ville qui aura un départ ou une arrivée. On dépose une candidature, puis les gens d’ASO prennent leur décision. D’où l’intérêt d’avoir un dossier solide et de bons arguments. L’inédit s’avère parfois payant. L’année prochaine, le Tour de France prendra son départ de Leeds, dans le Yorkshire, en Angleterre. Une grande première. Cette candidature n’était pas gagnée d’avance, il a fallu travailler longtemps et beaucoup pour convaincre les organisateurs.
Quel est l’intérêt, pour une ville ou une région, de recevoir le Tour de France ?
En termes de retombées et de visibilité mondiale, le Tour connaît peu d’équivalent. La course est diffusée dans 200 pays, pour une audience de 3,6 milliards de téléspectateurs. Elle totalise 400 heures de direct. Pour une ville qui organise le Grand Départ, comme Porto-Vecchio cette année, cela représente une campagne de publicité d’une semaine, au cours de laquelle son nom sera prononcé en moyenne mille fois par jour. Cela offre une visibilité sans égale. Dans huit cas sur dix, la première motivation d’une ville est de pouvoir être pointée sur la carte. Que serait le Mont Ventoux sans le Tour de France ?
Propos recueilli par Théodore Heitz