Avec Thomas Bach, le mot favori a rarement été aussi bien porté. L’avocat allemand, champion olympique d’escrime en 1976 à Montréal, mène la course à la succession de Jacques Rogge à la tête du CIO. En tête avant même l’ouverture de la campagne, il semble ne rien avoir perdu de son avance, malgré l’entrée dans la bataille de cinq autres candidats.
Intronisé au CIO en 1991, ce vétéran du mouvement olympique a dirigé au sein de l’institution les commissions juridique et de lutte antidopage. Il a également participé très activement, ces dernières années, aux négociations sur les droits de télévision. Agé de 59 ans, ce polyglotte (il parle également anglais, espagnol et français) occupe actuellement le poste de vice-président.
Sa campagne l’a amené à Berlin, en milieu de semaine. Thomas Bach y a rencontré la presse étrangère. Et adopté, une nouvelle fois, une attitude très présidentielle. Dans ses propos, deux thèmes : le dopage et le programme olympique.
Sur le premier, l’Allemand s’exprime avec un surprenant réalisme. « Nous devons nous fixer des objectifs réalistes, comme un réseau de contrôle aussi serré que possible, pour dissuader tout délit, et ne jamais perdre de vue le but ultime qui est la protection des sportifs propres, a suggéré Thomas Bach, en précisant que le dopage ne disparaitrait jamais totalement du paysage sportif. Chaque cas positif montre que la lutte fonctionne et qu’elle est menée avec sérieux, mais aussi qu’on n’a pas le droit de souffler, parce que la peur de la sanction ne sera jamais assez forte pour faire en sorte que plus personne ne pense à se doper. »
Selon lui, les efforts doivent porter sur la recherche « pour accroître la durée pendant laquelle une substance peut être détectée. » Thomas Bach prend également position sur les sanctions en cas de contrôle positif, proposant de passer de 2 à 4 ans de suspension dès la première infraction.
Le candidat allemand s’exprime également de façon très présidentielle lorsque la conversation glisse vers la question du programme des Jeux. Sans langue de bois, il avance que la lutte, en concurrence avec le squash et le baseball/softball pour une place aux Jeux de 2020, possède les meilleures chances de l’emporter, le 10 septembre prochain à Buenos Aires. « J’ai l’impression que la Fédération internationale de lutte (FILA) a parfaitement entendu notre message, dit-il. Ce sport a désormais un nouveau président, un nouveau programme et des idées nouvelles. C’est pourquoi je pense que la lutte possède de bonnes chances de survivre au vote en septembre. »
Prudent, Thomas Bach a assuré se méfier des rumeurs et des pronostics. Il se sert de ses souvenirs d’athlète de haut niveau pour suggérer qu’une victoire n’est jamais acquise avant la fin de la compétition. Mais rappelle, avec le sourire, l’anecdote des championnats du monde d’escrime en 1977, à Buenos Aires, où se jouera le mois prochain l’élection à la présidence du CIO : « Dans l’épreuve par équipes, nous étions menés 7-1 en finale, avant de revenir à 8-8 et l’emporter au nombre de touches. »
Selon nos informations, Thomas Bach aurait sécurisé un grand nombre de voix parmi les membres africains du Comité International Olympique.