A moins d’un mois de l’élection à la présidence du CIO, l’Allemand Thomas Bach fait toujours figure de favori pour la succession de Jacques Rogge. Il a répondu, depuis Moscou, aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Une première question sur la France. Etes-vous de ceux qui pensent que le mouvement sportif français doit renforcer sa position sur la scène internationale ?
Thomas Bach : La France est un partenaire très important du mouvement olympique, tant en raison des traditions sportives et des performances des athlètes et des équipes, que de l’organisation des grands événements. Il est très difficile de donner des conseils sur la façon d’améliorer son positionnement, mais je pense que la France doit juste suivre son chemin dans le sport international. Elle doit encore plus s’impliquer dans l’organisation de grands événements et dans le mouvement olympique.
La question de l’exclusion de la lutte du programme des Jeux olympiques a créé beaucoup de buzz et de discussions dans la communauté sportive. Pensez-vous que l’ensemble du processus de sélection du programme olympique devrait être modifié en raison de ce qui s’est passé avec la lutte?
Je tiens à séparer la question de la réforme et le cas précis de la lutte. Menacer ce sport d’exclusion a été un message fort envoyés à ses dirigeants, en ce qui concerne la place des athlètes féminines, le développement international, la simplification des règles. Je pense que la Fédération internationale de lutte a entendu le message et mis en place une vraie réforme. Pour la question plus générale du programme des Jeux, il faut conserver un équilibre entre tradition et progrès. Nous devons nous tourner vers l’avenir, raisonner plus en termes de disciplines que de sports.
L’actuel président du CIO, Jacques Rogge, a innové en ouvrant le monde olympique vers de nouveaux territoires. Vous qui briguez sa succession, êtes-vous plutôt un aventurier ou un conservateur ?
Je pense que cela dépend du sujet. Quand vous briguez la présidence du CIO, il faut comprendre les responsabilités que la position entraîne et les accepter. Le monde est en train de changer, le CIO doit suivre cette évolution. Prenons l’exemple des Jeux olympiques de la Jeunesse, je suis convaincu que cet événement rencontrera à l’avenir un succès grandissant. Nous devons examiner comment nous pouvons être plus innovants, en créant notamment plus de forums de sport, en favorisant les activités physiques. Il ne s’agit pas de juste faire que la jeunesse s’intéresse au sport et le « consomme ». Nous devons utiliser internet et la télévision pour encourager les jeunes à pratiquer des sports.
Quelle est votre opinion sur la question de la participation des femmes dans le mouvement olympique, et en particulier des quotas pour les femmes dans certaines organisations?
Il faut favoriser la présence des femmes dans les grandes organisations sportives et les encourager, mais je ne crois pas à la règle des quotas. Si vous commencez à utiliser les quotas, vous risquez de ne pas toujours avoir les meilleures personnes. Et l’objectif est d’avoir les meilleures dirigeantes. D’après mon expérience, vous avez besoin de parler avec des femmes, vous devez les encourager personnellement. Vous pouvez faire beaucoup de programmes, mais surtout il faut leur faire confiance, vous devez leur donner confiance. Et puis vous verrez les résultats.