Son passeport est ukrainien. Mais Sergueï Bubka, le recordman du monde du saut à la perche, est comme chez lui à Moscou. A moins d’un mois du vote pour la présidence du CIO, prévu le 10 septembre à Buenos Aires, l’ancien athlète profite à fond des Mondiaux d’athlétisme pour muscler sa campagne. Et ça marche.
Au stade Loujniki comme à son hôtel moscovite, Sergueï Bubka multiplie les interviews et les poignées de mains. Son credo : profiter de son relatif jeune âge (49 ans) pour jouer à fond la carte du rajeunissement du mouvement olympique. « L’olympisme se porte bien, dit-il, mais j’ai été surpris, et même préoccupé, de découvrir que le téléspectateur moyen des Jeux olympiques avoue 50 ans. Nous devons nous tourner plus vers les jeunes, les inciter à pratiquer le sport, trouver un moyen de les attirer et les retenir. »
Parmi ses idées, la création d’une sorte de conseil de la jeunesse, au sein du CIO, où se retrouveraient des jeunes gens et filles issus des comités olympiques nationaux un peu partout dans le monde.
Sa candidature à la succession de Jacques Rogge en avait surpris plus d’un. A Lausanne, il se murmurait que l’Ukrainien tenterait plutôt sa chance pour la présidence de l’IAAF, la Fédération internationale d’athlétisme, que l’actuel président, le Sénégalais Lamine Diack, laissera en 2015. Sergueï Bubka explique : « J’ai considéré que l’élection du 10 septembre constituait une formidable opportunité de diriger le CIO. Je n’avais tout simplement pas envie de la laisser passer. Quant à la présidence de l’IAAF, je n’y pense pas. Je suis tout entier concentré sur ma campagne pour le CIO. Le reste ne compte pas à mes yeux. »
Prudent, Sergueï Bubka se refuse à exprimer sa préférence entre les trois villes candidates aux Jeux de 2020, Istanbul, Madrid et Tokyo. « Ces trois dossiers sont excellents, dit-il. Je suis persuadé que les trois villes sauraient organiser magnifiquement les Jeux d’été dans sept ans. » Mais le dirigeant ukrainien ne craint pas de prendre position dans le débat, plus houleux que jamais, sur la menace d’un boycott des Jeux de Sotchi en 2014. « Au temps où j’étais perchiste, j’ai été privé des Jeux de Los Angeles par la décision des hommes politiques de ne pas envoyer l’équipe soviétique, dit-il. Je ne souhaite à personne de vivre une telle frustration. J’ai la conviction que les Jeux de Sotchi seront une grande réussite. Il n’y aura aucune discrimination, ni envers les participants ni envers les spectateurs. Nous ne punirons pas les athlètes. »
A trois semaines du jour J, Sergueï Bubka reste encore un outsider dans la course à la présidence du CIO, une bataille à six menée par l’Allemand Thomas Bach. Mais sa cote grimpe. A Moscou, elle a pris quelques points.