L’avenir du cyclisme professionnel se jouera-t-il au Canada? Les deux seules étapes du World Tour sur le continent américain, les Grands Prix de Québec et de Montréal, n’ont pas seulement attiré la grande foule sur le bord de la route, vendredi et dimanche. Elles ont su convaincre la fine fleur du peloton de faire le voyage au-dessus de l’Atlantique.
Des noms? Christopher Froome, le dernier vainqueur du Tour de France, Alberto Contador, Andy Schleck, mais aussi Peter Sagan, le n° 2 mondial. A Québec, vendredi 13 septembre, la victoire est revenue au Néerlandais Robert Gesink (Belkin), vainqueur du Tour de Californie en 2012. A Montréal, deux jours plus tard, elle a souri au Slovaque Peter Sagan (Canondale). Précision: le « diptyque » canadien en est seulement à sa quatrième édition. Un succès éclair, donc.
Derrière ces deux courses, un même homme, Serge Arsenault. Cet ancien présentateur de télévision, enrichi grâce à l’industrie audiovisuelle, est à l’origine du projet. Il explique: « En 2009, j’ai été choqué par la disparition du Grand Prix de Formule 1 à Montréal. Je me suis demandé quels événements pourraient nous convenir. J’en ai repéré trois, dont le cyclisme. Au même moment, l’UCI cherchait à mondialiser le World Tour. Nous avons tenté notre chance. Mais il nous a fallu faire nos preuves, car le cyclisme reste pour beaucoup une affaire européenne.
Sa recette, Serge Arsenault la décrit comme une succession d’idées simples et quelques innovations. L’organisateur canadien a confié à l’ancien coureur français Charly Mottet le soin de dessiner les parcours. Une épreuve très sélective, façon classique de printemps, à Québec, puis une course spectaculaire à Montréal, disputée sur le tracé de l’ancien Grand Prix des Amériques.
Surtout, les Canadiens ont réussi à séduire le peloton en cassant la routine souvent pesante des courses européennes. Un charter transatlantique a été affrété pour le voyage des équipes. Le trajet Québec-Montréal a été effectué dans le confort d’un train de luxe. Coût de l’opération: 7 à 8 millions de dollars canadiens, soit 5 à 6 millions d’euros. Un budget en partie assuré par Serge Arsenault lui-même, tout à la fois organisateur et mécène. Mais le Canadien assure ne payer de sa poche que les nouveautés l’édition 2013, le Challenge sprint et la cyclosportive.
Preuve de la réussite des deux épreuves québécoises: l’UCI a déjà prolongé le contrat des Grands Prix de Québec et de Montréal jusqu’en 2016.