Après la bataille entre Pat McQuaid et Brian Cookson pour la présidence de l’UCI, un autre bras de fer agite le monde des fédérations internationales. Et il s’annonce au moins aussi belliqueux. David Ward, l’Anglais, affronte Jean Todt, le Français, pour le siège de président de la Fédération internationale automobile (FIA). Le second est déjà dans la place, depuis son élection en 2009. Mais le premier rêve de le renverser. Et il va même, pour cela, jusqu’à déposer une plainte contre lui auprès du comité d’éthique de la FIA.
L’affaire n’est pas anodine. Candidat déclaré depuis la fin de l’été, David Ward reproche à Jean Todt de bafouer les règles de la Fédération internationale. Et d’abuser de sa position dominante pour conserver son siège.
Les griefs de David Ward sont nombreux. Il reproche d’abord à Jean Todt de ne pas tenir parole. En 2009, au moment de son élection à la tête de la FIA, le Français avait assuré qu’il resterait seulement quatre ans, soit un mandat. Mais une fois élu, il a fait procéder à un changement des statuts, afin de pouvoir rester au moins douze ans, soit trois mandats successifs.
Jean Todt a également fait modifier le mode d’élection du président de la FIA. Désormais, un candidat doit compter le soutien écrit d’au moins 26 fédérations nationales pour postuler à la fonction suprême. Jean Todt y est parvenu sans trop de peine, s’assurant notamment un soutien massif du continent sud-américain. Pour David Ward, les choses s’avèrent plus complexes. Mais le Britannique accuse le Français de profiter de ses voyages officiels à l’étranger pour faire campagne. En clair, de s’assurer une réélection confortable aux frais de la FIA. David Ward a même demandé à Jean Todt de rendre public ses frais de déplacements. Le Français s’y refuse.
En se présentant comme l’anti Jean Todt, David Ward joue à fond la carte de l’alternative. Il promet plus de transparence, un pouvoir mieux partagé au sein de la FIA et la réduction des budgets en Formule 1. L’Anglais peut compter sur le soutien, toujours précieux, de Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1, qui avait pourtant appelé à voter Jean Todt en 2009. Pourra-t-il l’emporter? Dans le milieu, on en doute. « Jean Todt ne sera pas battu, il tient solidement les clefs de la maison », assure un proche du dossier.
La bataille s’annonce en tous cas sévère et sans retenue, d’ici à l’élection, prévue en décembre. Jean Todt a lancé dernièrement son site officiel de campagne, http://www.jeantodtandteam2013.com/. A cette occasion, il a exprimé son souhait que « la discussion et le débat sur le futur de la FIA soient, je l’espère, conduits de manière constructive, respectueuse de la fédération et des individus. » Pas sûr qu’il soit entendu.