Affaires et polémiques s’entassent comme les feuilles à l’automne sur les trottoirs de Rio de Janeiro. Mais les dernières en date n’ont, pour une fois, rien à voir avec les retards dans la construction des stades du Mondial 2014. En l’espace de deux mois, la ville brésilienne a perdu l’organisation de deux des plus prestigieuses manifestations extra-sportives: la Convention Soccerex, connue depuis près de vingt ans comme la première des conférences mondiales consacrées au football, puis la cérémonie des Laureus Awards, sorte de version sportive des Oscars du cinéma.
Dans le cas des Laureus, l’information n’a pas encore été officiellement communiquée. Mais elle est avérée. Organisée à Abu Dhabi en 2011, puis à Londres l’année suivante, la cérémonie des Awards de cette fondation pour le sport, créée à la fin des années 90 par les groupes Daimler et Richemont, s’est tenue l’an passé à Rio de Janeiro. Une première manifestation qui aurait dû être suivie d’une deuxième, dans le même lieu, en mars 2014. Sauf miracle, elle sera annulée.
En cause, un problème financier. Selon les médias brésiliens, la ville de Rio n’aurait pas payé à Laureus tout ou partie des sommes prévues dans le contrat liant les deux parties. Le différend porterait sur 15 millions de dollars, soit environ 11 millions d’euros. Une ardoise que les autorités de l’état de Rio n’auraient toujours pas effacées, mettant sérieusement en péril l’organisation de l’événement en 2014.
Du côté de Laureus, l’heure est encore au silence radio. « Ces discussions avec le Brésil sont confidentielles, se borne à expliquer un porte-parole de la fondation. Mais nous serons très bientôt en mesure de communiquer officiellement le lieu où se tiendra cette année la cérémonie des Laureus Awards. » Londres et Monaco pourraient servir de solutions de repli.
Deux mois plus tôt, les mêmes causes avaient été évoquées pour expliquer l’annulation au dernier moment de la Convention Soccerex. Prévue du 30 novembre au 5 décembre 2013, en préambule du tirage au sort des groupes du Mondial 2014, cette manifestation planétaire devait attirer à Rio 4500 délégués venus du monde entier. Elle a été annulée moins de trois semaines avant son ouverture, à un moment où les organisateurs avaient déjà réservé hôtels et billets d’avion.
A l’époque des faits, organisateurs et autorités brésiliennes avaient voulu sauver les apparences en justifiant cette annulation par l’agitation sociale qui régnait dans le pays. Mais l’argent semble avoir été au coeur du problème. Selon plusieurs sources proches du dossier, les autorités de Rio avaient promis à Soccerex de pouvoir organiser la convention gratuitement au stade Maracana. Mais le consortium en charge de l’exploitation de l’enceinte aurait réclamé un droit d’utilisation de 6 millions de réals, soit presque 2 millions d’euros.
La route est encore longue, pour le Brésil, jusqu’aux Jeux de Rio en 2016.