Le mot unité prend tout son sens dans le mouvement olympique asiatique. Son organisation, l’OCA (Olympic council of Asia, l’Association des comités olympiques asiatiques), a tenu sa 32ème Assemblée générale, samedi 18 janvier à Manille, aux Philippines. Un rassemblement d’environ 500 délégués, représentant 45 comités nationaux. Sur le papier, un tel mélange des genres peut sembler très hétéroclite. Que partagent, en effet, des pays aussi différents que la Syrie, la Chine, l’Inde et les Maldives? Mais dans les faits, le continent fait preuve d’un surprenant sens commun.
Maître de cérémonie: Sheikh Ahmad Al-Fahad Al-Sabah, le président de l’OCA (et accessoirement, du comité olympique du Koweït et de la puissante Association des comités nationaux olympiques). L’un des hommes forts du mouvement olympique international, présenté à juste titre comme l’égal en termes d’influence de Thomas Bach ou de Marius Vizer, le patron de SportAccord et de la Fédération internationale de judo. De sa voix douce, cet ancien président de l’OPEP dirige les débats avec des manières de chef de classe. Il félicite les uns, remercie les autres, encourage les plus modestes, souhaite bonne chance aux futurs organisateurs. Il parle d’unité et de solidarité avec la conviction d’un militant. On l’écoute. On l’acclame.
A Manille, Sheikh Ahmad avait invité quelques-uns de ses pairs au CIO à venir assister aux débats de l’OCA. Les Australiens John Coates, vice-président du CIO, et Kevan Gosper, l’Ukrainien Sergueï Bubka, la Suédoise Gunilla Lindberg, également secrétaire générale de l’ACNO, l’Ivoirien Lassana Palenfo, président de l’Association des comités nationaux olympiques africains (ACNOA), ont fait le voyage. Du lourd. Mais aucun n’a soutenu la comparaison avec Sheikh Ahmad. Les délégués se font prendre en photo à ses côtés. Vénéré comme un gourou, il répond par un sourire presque gêné aux volées de « votre Excellence » reçues du matin au soir. Un représentant indonésien remarque: « Sans lui, nous serions peut-être divisés. Mais il tient l’Assemblée d’une main solide. Le sport asiatique lui doit son unité. » En huit heures de présentations, samedi 18 janvier, aucune voix n’a osé se faire entendre pour contester un choix ou une décision.
Son unité, le mouvement olympique asiatique la doit aussi à son calendrier. A la différence de l’Europe, où les Jeux Européens ne verront pas le jour avant 2015 (et encore, en forçant la main de certains pays peu favorables à cette nouvelle compétition), l’Asie a toujours fait du calendrier continental une priorité. A Manille, l’Assemblée générale de l’OCA a été l’occasion, à la veille des débats, de célébrer le centenaire des Jeux Asiatiques. La prochaine édition, la 17ème, se tiendra du 19 septembre au 4 octobre 2014 à Incheon, en Corée du Sud. « Aussi important pour nous que les Jeux olympiques », assure un représentant népalais.
Derrière cet événement, posé depuis toujours en tête de rayon, l’Asie déroule une généreuse collection de compétitions continentales multi-sports. « Elles contribuent chacune à notre unité et notre solidarité », suggère Sheikh Ahmad Al-Fahad Al-Sabah. Citons, en vrac, les Jeux asiatiques d’hiver (Sapporo, Japon, en 2017), les Jeux asiatiques de plage (Phuket, Thaïlande, en 2014), les Jeux d’Asie de la Jeunesse (Hambantota, Sri Lanka, en 2017), les Jeux d’Asie indoor et des arts martiaux (Ashgabat, Turkménistan, en 2017).
Avec Pyeongchang en 2018 et Tokyo en 2020, l’Asie a décroché le pompon dans les deux dernières courses olympiques. Dans la prochaine, où se décidera l’attribution des Jeux d’hiver de 2022, elle présente encore deux des cinq candidates: Almaty, au Kazakhstan, et Pékin, en Chine. L’alternance géographique leur accorde des chances réduites. Mais sait-on jamais.