L’escrime mondiale a applaudi à deux mains l’élection de Thomas Bach à la présidence du CIO. Difficile, en effet, de ne pas se féliciter de l’arrivée au pouvoir d’un ancien fleurettiste, sacré champion olympique par équipes avec l’Allemagne en 1976 à Montréal. Il n’empêche, la discipline peine souvent à « se vendre », notamment aux partenaires et aux diffuseurs. Meilleur exemple: les championnats d’Europe 2014, prévus du 7 au 14 juin à Strasbourg. Frédéric Pietruszka, le Secrétaire général de la Fédération internationale d’escrime (FIE), organisateur de la manifestation, l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux: Comment se présentent les prochains championnats d’Europe d’escrime, en juin prochain à Strasbourg?
Frédéric Pietruszka: A ce jour, nous n’avons pas encore tout à fait bouclé le budget, d’environ 1 million d’euros. Nous pouvons compter sur un soutien sans faille des collectivités, dont la Communauté urbaine de Strasbourg et la région Alsace. Mais j’attends encore la réponse du CNDS, à qui j’ai demandé une aide de 160.000 euros. Elle ne devrait pas intervenir avant le mois de mars… Et il s’avère très difficile d’intéresser les partenaires privés. Nous cherchons pourtant seulement 200.000 euros, mais les entreprises ne suivent pas.
Avez-vous déjà trouvé un diffuseur?
Non. Pour être clair, les chaînes ne veulent pas de l’événement. Une seule pourrait le diffuser, l’Equipe 21, mais il nous faudrait alors contribuer pour un tiers aux coûts de production, estimés à 200.000 euros. Ailleurs, on me répond que la date (7 au 14 juin) n’est pas favorable, avec le Mondial de football, Roland-Garros et les 24 Heures du Mans. Mais ce discours n’est pas nouveau. Aujourd’hui, les « petits » sports doivent composer leur calendrier en fonction des disciplines les plus médiatiques, en se glissant comme ils peuvent dans les trous.
L’escrime doit-elle évoluer pour réussir à mieux se vendre?
Elle le fait déjà. Nous avons inventé un nouveau concept, plus percutant sur le plan marketing, un circuit « Grand Prix Series » de 14 épreuves réparties dans le monde: 9 Grands Prix, 4 championnats continentaux et les championnats du monde. Nous l’avons présenté au dernier Sportel, l’accueil a été bon. Nous cherchons actuellement un ou plusieurs partenaires.
Comment se porte l’escrime mondiale?
Elle n’a jamais été aussi universelle. L’Asie et l’Amérique bougent. Quatre continents étaient représentés en 2012 sur les podiums des Jeux de Londres. Seule l’Afrique reste en retrait.
L’arrivée de Thomas Bach à la tête du CIO est-elle l’assurance d’un avenir sans angoisse pour l’escrime mondiale?
C’est une nouvelle fabuleuse, car Thomas Bach reste très proche de sa famille d’origine. Mais je me souviens de la réflexion de Jean-François Lamour après sa nomination comme ministre des Sports: « Je ne pourrai pas favoriser ma propre discipline. » Il en sera de même avec Thomas Bach. Son arrivée à la présidence du CIO ne va pas changer du jour au lendemain la présence de l’escrime dans le paysage. Mais nous avons bon espoir de récupérer, à court ou moyen terme, les deux podiums olympiques qui nous manquent pour que les trois armes (fleuret, sabre et épée) soient représentées aux Jeux en individuel et par équipes.