Une compétition de natation d’un genre inédit, spectaculaire et télégénique, au format réduit mais sans temps mort. Un show aquatique concentré sur le sprint, sur invitation, porté par une mise en scène attractive. Tel est le projet de l’ancien nageur français Stephan Caron, médaillé de bronze olympique du 100 m en 1988 et 1992. L’événement se tiendra à Singapour, à la fin du mois d’août 2014. Son nom: Singapore Swim Stars. Son initiateur, aujourd’hui installé à Londres et reconverti dans la finance, en a expliqué à FrancsJeux l’idée et les perspectives.
FrancsJeux: Comment est née l’idée de cette nouvelle compétition de natation ?
Stephan Caron: Elle est née du constat que la natation actuelle n’a sans doute jamais eu autant de nageurs connus et reconnus, mais elle manque d’événements majeurs en dehors des Jeux et des championnats du monde. J’ai le sentiment que ce sport se trouve dans la situation du tennis et de l’athlétisme une vingtaine d’années en arrière. Avec trois associés, Laurent Neuville, Sophie Reinauld et Harald Etveld, nous avons créé une société, Sports Swim Organisation, dont la vocation est d’organiser un circuit de meetings d’un genre nouveau. Le premier se déroulera du 29 au 31 août à Singapour, une ville-état avec laquelle nous avons signé un partenariat de 5 ans. Si le succès est au rendez-vous, nous le dupliquerons dans d’autres pays, à l’image de la Diamond League en athlétisme.
En quoi ce premier événement se distinguera-t-il d’une compétition classique de natation ?
Par son format, d’abord. Le Singapore Swim Stars se présente comme une compétition sur invitations, réservée aux courses de 50 et 100 m. Il n’y aura pas de séries, mais des finales directes sur 100 m. Pour les 50 m, nous avons imaginé une formule à élimination directe, avec huit nageurs pour la première course, puis les quatre premiers pour la deuxième, et enfin une dernière longueur à deux nageurs. Nous allons beaucoup insister sur la mise en scène, avec une présentation des athlètes sans leur bonnet et lunettes, et la présence d’écrans géants. Enfin, le meeting s’inscrira dans le cadre d’un festival aquatique de trois jours, avec un stage pour les enfants, une épreuve d’eau libre…
Pourquoi avoir choisi Singapour ?
Il nous fallait une ville qui possède un stade nautique à la hauteur. Singapour est en train d’en construire un entièrement neuf, couvert, avec une capacité de 4500 places. Il sera livré en avril. Ce pays manifeste une volonté d’investir sur le sport, avec l’ambition de devenir une place forte sur la carte sportive à horizon 2020. Les gens que nous avons rencontrés se sont montrés emballés par le projet. Ils l’ont trouvé innovant et communautaire. Et je pense que Singapour est aujourd’hui une destination attractive pour les nageurs.
Comment se compose votre budget ?
Il s’élève à environ 1 million d’euros. Nous négocions actuellement avec certains potentiels partenaires privés, dont une célèbre boisson gazeuse très investie dans le sport. Et nous cherchons encore un partenaire titre, qui pourrait accoler son nom à celui de la compétition. Nous sommes également en discussion avec plusieurs diffuseurs, dont une chaîne sportive en France.
Les nageurs répondront-ils présents ?
Le plateau prend forme. Nous en avons confié la responsabilité à Frédérick Bousquet et à l’ancienne nageuse britannique Karen Pickering. Aujourd’hui, nous pouvons déjà compter sur la participation des Australiens Magnussen et Sullivan, du Brésilien Cielo, du Sud-Africain Schoeman, des Français Manaudou et Bousquet… Nous devrions compter une trentaine de nageurs très connus. Et pouvoir présenter, sur 50 et 100 m, le meilleur plateau après les Jeux et les Mondiaux.
Comment a réagi la FINA (Fédération internationale de natation) à l’annonce de ce projet entièrement privé et peu orthodoxe ?
Je suis allé voir les dirigeants de la FINA à Lausanne pour leur présenter. Ils se sont montrés intéressés, mais un peu intrigués. La date de notre compétition les embête, car elle est située entre deux étapes de la Coupe du Monde. Mais ils veulent voir. En clair, ils nous ont dit: « Allez-y, avancez sur votre projet, on se reparle l’an prochain ».