Quelques centaines de kilomètres séparent Sotchi de Kiev et la Russie de l’Ukraine. Une distance qui semble encore plus réduite depuis le début des affrontements entre manifestants et forces de police, qui ont fait 26 morts dans la capitale ukrainienne. La crise qui secoue l’ancienne république soviétique s’est invitée aux Jeux de Sotchi. Le contraire aurait été choquant.
Sergueï Bubka, l’ancien perchiste aujourd’hui président du comité olympique ukrainien, a été l’un des premiers à réagir. « Je suis choqué par ce qui se passe dans mon pays, surtout que les violences ont lieu pendant les Jeux olympiques », a-t-il écrit sur son site internet. « Pour l’avenir de nos enfants, faisons notre possible pour revenir à la table des négociations et obtenir un compromis », a également suggéré Sergueï Bubka en demandant un respect de la trêve olympique.
Secoué par la montée de la violence, le comité olympique ukrainien a demandé très officiellement au CIO l’autorisation pour ses athlètes de porter un brassard noir en hommage aux victimes des affrontements de Kiev. Réponse catégorique de l’institution olympique: « Pas question. » Son porte-parole, Mark Adams, a expliqué très diplomatiquement que le port d’un brassard noir violerait la Charte olympique.
Selon Mark Adams, plusieurs athlètes ukrainiens auraient déjà quitté Sotchi et les Jeux, pour marquer leur soutien aux manifestants. Le porte-parole du CIO n’a pas cité de noms. Il n’a pas non plus indiqué leur nombre. Mais il a expliqué que Sergueï Bubka avait fait savoir, en sa qualité de président du comité olympique ukrainien, qu’il respectait le droit de chacun dans une telle situation.
Les athlètes, de leur côté, tentent comme ils peuvent de garder la tête aux Jeux. Dmytro Mytsak, un géantiste de 18 ans originaire de Kiev, explique: « Il devient difficile de rester concentré sur notre compétition, car les gens nous interrogent sans cesse sur la situation dans notre pays. Mais nous avons reçu beaucoup de messages d’encouragement et de soutien de la population russe. »
Dans un communiqué, le comité olympique ukrainien a indiqué que ses athlètes allaient faire leur possible pour que le drapeau de l’Ukraine flotte au-dessus des podiums. Jeudi matin, le pays pointait au 25ème rang du classement des nations, avec une seule médaille de bronze, décrochée par Vita Semerenko dans l’épreuve du sprint en biathlon.