Le rideau va tomber, dimanche 23 février, sur les Jeux d’hiver de Sotchi. Le français, langue officielle du mouvement olympique, y a-t-il eu la place qui doit être la sienne dans l’événement? L’analyse d’une experte, Audrey Delacroix, commissaire pour la langue française dans les Jeux olympiques à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
FrancsJeux: La langue français a-t-elle été bien traitée aux Jeux de Sotchi?
Audrey Delacroix: Sur le plan oral, certainement. Pendant les cérémonies officielles, notamment les remises des médailles, les présentations étaient faites d’abord en français, puis en anglais et en russe. On entendait également le français en premier sur les sites de compétition pour tout ce qui était protocolaire. En revanche, l’analyse est plus nuancée en ce qui concerne l’animation des épreuves. La situation était très variable d’un site à l’autre. Le français était présent au biathlon, au short-track, au skeleton, au combiné nordique, à la descente de ski alpin, pour ne citer que quelques exemples. Mais l’animateur du patinage artistique ne parlait pas français.
Thomas Bach et Dmitry Chernyshenko, respectivement présidents du CIO et du Comité d’organisation des Jeux de Sotchi, se sont exprimés en français dans leur discours à la cérémonie d’ouverture. Est-ce un signe fort?
Oui. Pour la première fois, un président de comité d’organisation s’est exprimé en français à l’ouverture de Jeux non disputés dans un pays francophone. Il n’était pas obligé. A Pékin en 2008, puis à Londres en 2012, ses prédécesseurs l’avaient fait seulement dans leur langue. Il faut le voir comme un signal envoyé aux francophones et à la famille olympique.
Et Thomas Bach?
Il s’inscrit dans la tradition, pour son premier discours d’ouverture. C’est important. Il ne s’est pas contenté d’une courte phrase en français, mais il a choisi cette langue pour évoquer des sujets positifs et porteurs. A Pékin, la partie en français du discours de Jacques Rogge portait sur un appel aux athlètes à ne pas se doper.
Le porte-parole du CIO, Mark Adams, a évoqué lors d’une conférence de presse un courrier reçu par Thomas Bach concernant la place du français aux Jeux…
Il y a eu deux courriers sur cette question. Le premier a été envoyé par Abdou Diouf, le Secrétaire général de la Francophonie, quelques jours avant le début des Jeux. Il voulait alerter le CIO et son président de la situation inquiétante du français aux Jeux d’hiver, car nous avions eu des retours de Sotchi faisant état de certaines craintes. Le second courrier a été adressé à Thomas Bach, Dmitry Chernyshenko et Jean-Claude Killy par Hélène Carrère d’Encausse, Grand témoin de la Francophonie aux Jeux de Sotchi, pour leur exprimer sa satisfaction de la bonne tenue du français à la cérémonie d’ouverture.
Comment se présente la situation aux Jeux d’été de Rio en 2016?
Une première réunion sur cette question a eu lieu avec les organisateurs brésiliens dès l’année 2012. Depuis, nos contacts et échanges sont réguliers. Ils se montrent très volontaristes pour une collaboration active avec l’OIF sur la place du français aux Jeux, et même au-delà de l’événement. La jeunesse brésilienne manifeste en effet une volonté d’apprendre des langues étrangères. Nous allons les aider à développer leur communication en français. Un jeune francophone partira au Brésil pour animer en français leur site Internet et les réseaux sociaux. Et nous allons profiter de la Journée internationale de la francophonie, le 20 mars 2015, pour mettre en place avec les organisateurs brésiliens des animations en français.