Présidente du Comité paralympique et sportif et français depuis le printemps dernier, Emmanuelle Assmann a connu les Jeux paralympiques comme escrimeuse, en 2004 à Athènes, où elle a décroché une médaille de bronze par équipes à l’épée. A Sotchi, elle découvre l’événement dans la peau d’un chef de mission. Elle a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Philip Craven, le président du Comité international paralympique (IPC), a déclaré en début de semaine que les Jeux de Sotchi avaient déjà dépassé toutes les espérances. Vous partagez cette analyse?
Emmanuelle Assmann: Oui. L’hébergement est excellent. Les transports sont faciles. Les athlètes sont ravis de pouvoir se rendre en une vingtaine de minutes sur leur lieu de compétition. Et l’ambiance est au rendez-vous. Surtout, un tournant a été pris depuis les Jeux paralympiques de Londres, en 2012, quant à l’impact médiatique de l’événement. Les Jeux de Sotchi confirme cette tendance.
Comment le mesurez-vous?
Par la présence d’un grand nombre de journalistes français accrédités. Par les sollicitations médiatiques dont font l’objet certains de nos athlètes. Pour la première fois, nous devons gérer les demandes d’interview, alors qu’encore récemment nous devions quémander de la place dans les journaux ou sur les chaînes. Surtout, nous le mesurons aux audiences télévisées. France Télévisions a fait le choix, pour la première fois, de diffuser les épreuves en direct. L’audience a atteint des pics de 800.000 personnes, sans jamais descendre sous le seuil des 450.000 téléspectateurs.
Les Coréens de PyeongChang 2018 semblent pour l’instant réserver le même traitement aux deux événements, Jeux olympiques et paralympiques…
C’est vrai, ils préparent très sérieusement leur affaire. Ils ont présenté les Jeux paralympiques de 2018 lors de la dernière Assemblée générale de l’IPC. Très impressionnant. Mais les villes organisatrices ne prennent plus l’événement paralympique comme une sorte d’obligation. Elles ont à coeur de réussir les deux projets. Elles ont pris conscience de leur impact sur la société. En Russie, les Jeux de Sotchi sont en train de changer le regard des gens sur le handicap. Il y aura sans doute un avant et un après.
On a peu entendu le mouvement paralympique français dans les discussions sur une éventuelle candidature de Paris aux Jeux de 2024. Vous y êtes associée?
Oui. Je suis en lien fréquent et direct avec le CFSI de Bernard Lapasset et Mickaël Aloïsio. Nous sommes dans les groupes de travail. Le projet d’une candidature française, s’il doit aller au bout, sera un projet commun, olympique et paralympique. Une unité qui constituera un de ses atouts.
Vous y serez de plus en plus associée?
C’est certain. Aux Jeux de Rio, en 2016, la délégation paralympique française regroupera cinq fédérations: handisport, sport adapté, aviron, canoë-kayak et triathlon. C’est du jamais vu.