La Centrafrique se relève doucement d’une guerre civile qui a saigné le pays depuis mars 2013. Tout à la fois religieux et ethnique, ce long conflit a laissé des traces profondes dans le sport. Gilles-Gilbert Grésenguet, le Secrétaire général du Comité national olympique centrafricain, en a expliqué à FrancsJeux les conséquences et les perspectives.
FrancsJeux: Dans quel état se trouve aujourd’hui le sport en Centrafrique?
Gilles-Gilbert Grésenguet: Il est à l’image de la situation du pays, c’est à dire en dents de scie. Un jour, les choses s’améliorent, le lendemain, elles dégénèrent. L’activité sportive a été arrêtée pendant huit mois, car la sécurité n’étaient plus assurée. Compétitions, entraînements, tout était au point mort. Les parents ne laissaient plus leurs enfants venir au stade. Aujourd’hui, la sécurité est assurée à 60%. L’activité reprend, mais elle le fait doucement.
Les installations sportives ont-elles souffert?
Certaines ont été détériorées, beaucoup sont à l’abandon. Nos équipes nationales ne peuvent plus jouer à domicile, elles ne se produisent plus qu’à l’étranger depuis le début du conflit. Malgré tout, nous préparons nos jeunes pour les Jeux Africains de la Jeunesse, qui doivent se dérouler en mai 2014 au Botswana. Nous avons besoin d’argent, mais nous en manquons cruellement.
La Centrafrique ne peut-elle pas compter sur une aide économique de la Solidarité Olympique?
Nous en avons bénéficié, mais les programmes d’aide sont actuellement gelés. Le CIO ne voulait pas envoyer de l’argent dans le vide, sans être certain que l’aide arrive au bon endroit et aux bonnes personnes.
Etes-vous optimiste?
Je le suis, oui. J’ai coutume de dire que, quelle que soit la durée de la nuit, le soleil réapparaîtra. Nous devons être patients et faire preuve de beaucoup de pédagogie. A ce titre, le sport peut jouer un grand rôle. Je crois beaucoup à son impact sur l’unité nationale. Nous devons prendre l’exemple de l’Angola qui a beaucoup misé sur le sport pour se relever de la guerre. C’est pourquoi nous tenons à envoyer des athlètes aux Jeux Africains. Nous n’y aurons pas d’équipes, seulement des individus. Mais il sera important d’y être.
A court terme, quel rôle le sport peut-il jouer en Centrafrique?
Il peut réussir là où la politique a échoué, en rassemblant les gens au-delà des divisions ethniques et religieuses. Nous allons essayer d’organiser un match de football de jeunes où seront opposées des équipes de chrétiens et de musulmans. Si nous y parvenons, le message aura un impact considérable.