Médaillé d’argent sur 400 m haies aux Jeux de Séoul, en 1988, le Sénégalais Amadou Dia Ba cumule les fonctions et les responsabilités dans le sport africain. Il dirige à Dakar le Centre régional de développement de l’IAAF, siège au Conseil exécutif de l’Association mondiale des olympiens, à la commission des athlètes du CIO et à celle de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO). Il a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Vous étiez présent à Koweït City, à la fin du mois de mars, pour la réunion de la commission des athlètes de l’ACNO. Quels en ont été les temps forts?
Amadou Dia Ba: Il s’agissait de la première réunion de cette commission depuis la création de l’ACNO. Les cinq continents étaient représentés. Nous avons posé les bases, travaillé sur les statuts, mis en place une organisation afin de travailler en respectant une certaine coordination.
Quel rôle peut jouer cette commission des athlètes par rapport à celle du CIO?
Elle est plus compacte que la commission des athlètes du CIO. Les décisions peuvent y être plus rapides. Mais les passerelles sont nombreuses. Barbara Kendall, qui préside notre commission, est également membre de celle du CIO. Dans les deux cas, l’objectif est le même: défendre les intérêts des athlètes.
Vous y représentez l’Afrique. Les athlètes y sont-ils organisés?
Non. Nous sommes en retard. Très en retard. Je représente l’Afrique au sein de la commission des athlètes de l’ACNO, mais je ne suis pas élu par eux, faute d’élections. En Afrique, rares sont les Comités nationaux olympiques à s’être dotés d’une commission des athlètes. Nous en sommes encore seulement à poser les bases d’une organisation.
Quelle est aujourd’hui la première préoccupation du sport africain?
Elles sont nombreuses. En premier lieu, les infrastructures et les compétitions. Nous en manquons cruellement. Le haut niveau n’est pas assez aidé. Nous devons trouver les moyens financiers d’offrir à nos athlètes des conditions d’entraînement qui leur permettent de rester dans leur pays d’origine. Dans le cas contraire, ils seront encore nombreux à quitter l’Afrique et à changer de nationalité.
L’athlétisme n’échappe pas à cette tendance?
Non, mais il est en pointe, notamment en termes de compétitions. Il a également montré l’exemple par son organisation. Le centre régional de développement que je dirige à Dakar a été créé par l’IAAF en 1991. Il est ouvert à tous les pays francophones. Nous y organisons des formations et des séminaires pour les cadres techniques et les officiels. Ces stages durent 2 ou 3 semaines, ils sont encadrés par un expert, souvent français, et délivrent un diplôme. Nous avons formé des centaines de techniciens et officiels dans toute l’Afrique francophone.
Malgré ces nombreux retards, l’Afrique vous semble-t-elle prête à organiser les Jeux olympiques?
Les Jeux, on en parle depuis longtemps. Les avoir prendra du temps, mais le moment est venu d’y penser sérieusement. Je ne crois pas qu’il soit trop tôt pour y aller. Personne ne pensait qu’il soit possible de recevoir la Coupe du Monde de football, mais l’Afrique du Sud y est parvenue. Et le Maroc organise cette année la Coupe du Monde d’athlétisme. Il faudra se mobiliser, réunir les soutiens politiques, mais il est temps.