A 57 ans, Sebastian Coe ne prononce pas encore le mot retraite. Ou alors, seulement avec un futur très conditionnel. L’ancien patron des Jeux de Londres passe une grande partie de son temps dans son bureau de la tour Southside, dans le quartier de Westminster, où il dirige depuis le début de l’année passée l’agence CSM, spécialisée dans le marketing sportif, la publicité et la communication. Un bureau où il a répondu aux questions de notre confrère Philippe Vande Weyer, en charge de l’athlétisme et des questions olympiques au quotidien Le Soir à Bruxelles.
Dans ce long et passionnant entretien, Sebastian Coe se garde bien de lever complètement le voile sur ses ambitions personnelles. Certes, il écarte radicalement l’idée de briguer la succession de Boris Johnson à la mairie de Londres. Mais il ne se déclare pas ouvertement candidat à la présidence de l’IAAF, en août 2015, lorsque Lamine Diack rendra les clefs de la maison. « Si je prends de nouvelles et importantes responsabilités, ce ne sera que dans la direction de l’athlétisme », lâche-t-il. Avant de poursuivre: « Si je peux aider mon sport, je serai heureux de le faire. » Pas candidat, donc, mais presque.
Pour le reste, Sebastian Coe parle d’athlétisme. En profondeur. Avec, derrière le discours, la volonté à peine masquée de peser de tout son poids pour le faire évoluer vers une plus grande modernité. Evoquant son rôle de vice-président de l’IAAF, l’ancien miler anglais explique: « Nous savons que nous sommes face à l’énorme challenge d’intéresser les jeunes, et nous avons d’ailleurs développé de façon radicale notre budget communication vers le numérique et les médias sociaux pour aller à leur rencontre. » Il suggère également de rendre l’athlétisme plus attractif pour les nouvelles générations: « Il faut être plus créatif. J’ai, par exemple, vu des compétitions scolaires où on demandait aux enfants de choisir cinq épreuves sur huit. De cette manière, on les garde en mouvement. »
Sebastian Coe s’exprime aussi à la façon d’un candidat à la présidence de l’IAAF lorsqu’il évoque la candidature de Doha pour les Mondiaux en plein air en 2019. Il rejette l’idée d’organiser l’événement au Qatar en été. Mais ouvre largement la porte à un succès de l’état du Golfe face à Barcelone et à Eugene, en aménageant pour cela le calendrier: « On ne peut pas dire d’un côté que nous avons besoin de plus de pays pour développer l’athlétisme si, au premier obstacle, on fait machine arrière. Le sport, dans sa globalité, va devoir tenir une nouvelle conversation. »
Enfin, Sebastian Coe se penche sur le problème des stades. Il suggère de réaliser un audit de toutes les enceintes disposant d’une piste d’athlétisme et qui sont en danger. « Nous devons nous battre, être durs », dit-il. L’Anglais assure avoir discuté du problème avec Sepp Blatter et Michel Platini. « Nous devons faire en sorte de rester à la pointe du combat. » Des vrais propos de campagne.