Candidatures

Avec Lausanne 2020, la Suisse se reprend aux Jeux

— Publié le 17 juin 2014

Paradoxe. La Suisse héberge depuis plus d’un siècle le siège du CIO. Elle abrite le Musée olympique. Et elle compte sur son territoire plus d’édifices de fédérations internationales que n’importe quel autre pays sur la planète. Mais les Jeux évitent la Suisse depuis 1948.

Fatalité? A Lausanne, on veut croire le contraire. La ville dépose, ce mardi 17 juin, son dossier de candidature aux Jeux olympiques de la Jeunesse d’hiver en 2020. Une candidature commune avec le canton de Vaud qui ne croisera qu’une seule rivale, Brasov, une ville roumaine située dans les Carpates. Le dossier de 200 pages a été rédigé en anglais et en français.

Pour l’occasion, Lausanne 2020 s’est doté d’un nouveau président, Patrick Baumann, 47 ans, membre du CIO et Secrétaire général de la Fédération internationale de basket (FIBA). L’équipe de candidature a également été rejointe par Gian Gilli, directeur sportif des Championnats du Monde FIS de ski alpin à Saint-Moritz en 2003 et directeur du Mondial IIHF de hockey sur glace 2009 à Berne et Zurich, et par Virginie Faivre, double championne du monde de ski freestyle et récemment quatrième aux Jeux olympiques de Sotchi.

Pour la Suisse, l’événement n’est pas anodin. Après les échecs de Sion pour les Jeux d’hiver de 2002 et 2006, le pays était donné gagnant dans la course aux JO de 2022. Mais un référendum populaire a renvoyé par le fond le projet des Grisons. Un coup dur pour Swiss Olympic. Depuis, la Suisse a revu ses ambitions à la baisse. Et décidé de tenter à nouveau sa chance, mais cette fois pour les Jeux olympiques de la Jeunesse, un événement aux dimensions plus réduites et, surtout, au coût moins élevé.

Le budget de la candidature de Lausanne 2020 se monte à 36 millions de francs suisses, soit un peu moins de 30 millions d’euros. Il est garanti par les pouvoirs publics. A en croire ses porteurs, le projet fédère. Il est parvenu à rallier la ville de Lausanne, le canton de Vaud et la Confédération. Le ministre de l’Economie et du Sport, Philippe Leuba, le soutien sans réserve. « Nous avons réussi à établir un large consensus, il constitue une de nos forces », relève Denis Pittet, le secrétaire général de Lausanne 2020.

Preuve de ce soutien, le vote la semaine passée au parlement du canton de Vaud d’une enveloppe de 9 millions de francs suisses en faveur de la candidature. Un budget qui a recueilli  le vote favorable de 101 députés, contre seulement 1 bulletin contre et 15 abstentions.

Autre atout de la candidature suisse: sa dimension culturelle. Depuis la création des JOJ, à l’initiative de Jacques Rogge, le CIO a toujours insisté sur la nécessité d’en faire une compétition où les jeunes participants auraient l’occasion, en marge des épreuves, d’échanger et de s’ouvrir sur le monde. Les Suisses l’ont compris. Ils projettent notamment de créer pour l’occasion un orchestre où seraient rassemblés des athlètes musiciens. Ils prévoient également de construire le village olympique sur le campus universitaire, avec l’intention de destiner par la suite ses 1400 lits aux étudiants du canton.

A l’inverse, l’éclatement des sites de compétition pourrait être perçu par le CIO comme une faiblesse du dossier. Le ski alpin serait disputé à Leysin, Villars et aux Diablerets. Les sports de glace seraient logés dans une nouvelle patinoire, dans l’ouest de Lausanne. Mais les disciplines nordiques seraient exilées dans le Jura, avec une incursion en France pour le saut à skis et le combiné, la région suisse ne comptant pas de tremplin.

Leur dossier déposé ce mardi 17 juin, les Suisses se préparent déjà au « grand oral », une présentation par téléconférence devant un parterre d’experts et d’élus, prévue en février 2015. Le vote final, lui, doit se tenir en juillet 2015 à Kuala Lumpur, en Malaisie. D’ici là, l’équipe de candidature n’aura aucun mal à approcher les membres du CIO. Elle en croisera la plupart, à un moment ou un autre, dans les rues ou les restaurants de Lausanne.