Sepp Blatter ne se cache plus. A 78 ans, le président de la FIFA sera bien candidat à sa propre succession, l’an prochain. Il a presque levé les derniers doutes, samedi 9 août, depuis son Valais natal, où le Suisse assistait au tournoi de football à son nom, dans le village d’Ulrichen. Et, fidèle à son image, il en a profité pour lancer quelques attaques vers ses potentiels rivaux, Michel Platini en tête.
« J’ai reçu énormément de soutiens lors du dernier congrès de la FIFA à Sao Paulo, a assuré un Sepp Blater au mieux de sa forme. De nombreux membres m’ont demandé de poursuivre l’aventure. Ce serait une erreur de ne pas continuer. J’aime ce que je fais. Je ne vois pas pourquoi je devrais abandonner maintenant. La seule chose que l’on peut me reprocher, c’est de ne pas avoir préparé un successeur. Mais cela, j’aurai le temps lors du prochain mandat. »
Voilà qui est dit. Sauf revirement de dernière minute, le Suisse briguera l’an prochain un nouveau mandat, le cinquième. Et, sauf catastrophe, il devrait être élu. Sepp Blatter entretient désormais seulement le suspense sur la date de l’annonce de sa candidature. « J’ai le temps, dit-il. La date limite pour le faire n’est pas avant janvier 2015. » Le président de la FIFA explique: « Il existe un règlement et je dois tout d’abord trouver des soutiens formels. Mais il ne fait aucun doute que je serai candidat si je suis en bonne santé. »
A ce jour, un seul candidat s’est déclaré: le Français Jérôme Champagne, son ancien bras droit à la FIFA. De l’avis général, ses chances de l’emporter restent faibles, surtout face au président sortant, véritable « animal politique », rompu aux règles d’une bataille électorale pour en avoir déjà mené quatre victorieusement depuis 1998.
Un seul homme semble aujourd’hui de taille à faire obstacle à Sepp Blatter. Michel Platini. Mais le président de l’UEFA refuse encore de se déclarer. Selon ses proches, il serait même de moins en moins chaud pour se lancer dans la bataille.
Samedi 9 août, à Ulrichen, Sepp Blatter n’a pas prononcé le nom de Michel Platini. Mais les observateurs n’ont pas eu besoin d’un décryptage pour comprendre que le Suisse s’adressait, par médias interposés, à son rival français. « Les gens qui disent que je ne devrais pas être candidat, ou qui affirment que je ne devrais pas être élu, feraient mieux de prendre plus de risques et de se lancer dans la bataille », a plaidé Sepp Blatter.
Très en verve, le Suisse en a remis une couche, à la façon d’un bateleur, appelant son adversaire à sortir du bois pour oser se mesurer à lui. « Si vous ne prenez jamais de risques, vous n’aurez aucune chance. Mais en vous y risquant, vous pouvez aussi tout perdre », a envoyé Sepp Blatter. Avant de conclure: « Que ceux qui le veulent osent prendre le risque d’y aller. Cessez de parler, montrez vous et combattez. J’en serai très heureux. Je suis un combattant. »
La bataille n’est pas encore officiellement lancée, mais les coups sont déjà portés. Elle s’annonce sanglante.