La deuxième édition des Jeux olympiques de la Jeunesse a baissé son rideau, jeudi 28 août à Nankin, au terme d’une cérémonie de clôture à l’image du reste de l’événement: grandiose. Chiffres à l’appui, ces JOJ à la mode chinoise ont battu les records: 3800 athlètes, 18.000 volontaires, des centaines de milliers de visiteurs. Dans son communiqué final, le CIO s’est plu à insister sur leur succès à l’échelle des réseaux sociaux, nouveau moyen de mesurer la popularité planétaire d’une compétition: 400 millions de personnes ont participé à l’opération YOGSelfie pour les seules 24 heures qui ont suivi la cérémonie d’ouverture, où Thomas Bach avait appelé les jeunes du monde entier à céder à la mode du selfie.
Que faut-il retenir de ces Jeux de la Jeunesse d’été, les deuxièmes de l’histoire après Singapour 2010? Pour le CIO, leur dimension de boite à idées et de laboratoire à inventions. A Nankin, le mouvement olympique a observé, avec une pointe de perplexité pour certains, une part de son avenir. On y a joué au basket en 3×3, au hockey à 5 joueurs, au tennis de table en doubles à deux nationalités… Un relais 8×100 m a mélangé, sur une piste spécialement construite pour l’occasion, les sexes, les disciplines et les pays. Les organisateurs chinois avaient installé, non loin du village des athlètes, un Sports Lab où quatre des sports candidats à l’entrée dans le programme olympique pouvaient s’exposer: escalade, roller, skateboard et wushu. Il a attiré 3000 spectateurs par jour. Un succès qui fait dire au CIO que la formule pourrait être reproduite aux prochains JOJ, attribués à Buenos Aires en 2018 pour la version estivale.
Il n’empêche, l’événement pose question. A Nankin, ils ont été nombreux à s’interroger sur l’intérêt de voir aussi grand. La cérémonie d’ouverture, par exemple, a séduit les spectateurs, mais beaucoup n’ont pas vu la différence avec celle des « vrais » Jeux olympiques. Denis Masseglia, le président du CNOSF, a été l’un des premiers à affirmer tout haut que Nankin 2014 ne correspondait pas vraiment, par son gigantisme, à l’esprit de Jacques Rogge, l’ancien président du CIO, instigateur des JOJ. « Je suis très impressionné par les moyens mis en oeuvre, a avoué Denis Masseglia. Ces JOJ ont presque atteint la taille des Jeux d’été. Je ne suis pas sûr que l’idée de départ était d’arriver à cela. »
Le dirigeant français n’a pas été le seul à manifester certaines réserves. « Les Chinois sont allés trop loin, avance un président de fédération internationale, par ailleurs membre du CIO. Leurs Jeux sont magnifiques, mais en même temps beaucoup trop grands. Comment vont faire les suivants? L’idée des ces Jeux de la Jeunesse était de les attribuer à des villes qui ne pourraient pas recevoir les Jeux olympiques. Avec Nankin et la Chine, nous sommes déjà hors du contexte. »
Jean-Christophe Rolland, le président de la Fédération internationale d’aviron (FISA), se dit lui aussi partagé. « Magnifique et très impressionnant, confie-t-il. Mais tellement immense. A moins d’aller ensuite aux Jeux, les jeunes athlètes présents à Nankin ne pourront jamais revivre un événement comparable, d’une telle dimension. »
Lillehammer en 2016, pour la version hivernale, puis Buenos Aires en 2018, se chargeront de ramener les JOJ à un format plus modeste. Pas sûr que l’événement ait à y perdre.