La francophonie sportive se glisse parfois où personne ne songerait à la chercher. En taekwondo, par exemple. Inventé par les Coréens, dirigé par les Asiatiques, cet art martial entré dans le programme olympique en 2000 a appris à parler français. Aujourd’hui, l’Union francophone de taekwondo compte parmi les organisations les plus influentes de la disciplines. Elle est présidée par Roger Piarulli, par ailleurs président de la Fédération française de taekwondo. Il en a expliqué à FrancsJeux l’origine et les enjeux.
FrancsJeux: Comment est née l’Union francophone de taekwondo?
Roger Piarulli: Tout est parti d’un combat à l’issue controversée. En 2000, aux Jeux de Sydney, le Français Pascal Gentil est battu par un Coréen sur une décision très litigieuse. Dans le clan français, cette défaite a posé question. On s’est demandé comment faire mieux entendre notre voix face à la puissance du bloc asiatique. Une idée a été lancée: réunir les francophones du taekwondo au sein d’une association. L’Union francophone du taekwondo est née en 2002. J’en assure la présidence depuis 2005. Elle compte aujourd’hui 42 pays membres.
A quoi sert-elle?
Elle constitue un réseau d’influence dans le taekwondo international. A travers elle, nous pesons d’un vrai poids sur le plan mondial. C’est important.
Comment la faites-vous vivre, comment se manifeste-t-elle sur le plan concret?
L’Union francophone du taekwondo n’est pas une coquille vide. Depuis 2005, nous organisons tous les ans une Coupe du Monde réservée aux pays membres. Elle est reconnue par la Fédération internationale, rassemble entre 20 et 30 pays et distribue des points comptabilisés dans le classement mondial. Nous en avons organisé des étapes au Gabon, en Côte d’Ivoire, au Vietnam. Cette année, nous allons fêter sa dixième édition à Dakar, en novembre, en marge du Sommet de la Francophonie. En Afrique, le taekwondo est aujourd’hui l’un des premiers sports, derrière le football.
Comment réagit la Fédération internationale de taekwondo, présidée par un Coréen, face à cette influence francophone?
Elle y est favorable, car nous contribuons au développement de la discipline. Nous organisons des stages décentralisés, dans certaines régions d’Afrique. L’Union francophone n’est pas seulement une forme de groupe de pression, elle fait vivre le taekwondo dans le monde francophone et contribue à son expansion.
Comment se distingue-t-elle des autres associations francophones qui existent dans certaines disciplines?
Elle est, je crois, l’une des plus actives. Mais elle n’est pas la seule. Le badminton, notamment, en possède une également active, où Etienne Thobois joue un grand rôle. Mais certains sports n’en possèdent pas. A tort, à mon avis. J’essaye de faire bouger les choses, j’incite mes collèges présidents de fédérations à se bouger pour augmenter notre influence. Mais les résistances sont parfois fortes.
Comment peut-on encore augmenter l’influence du sport francophone?
En créant une Union mondiale du sport francophone, qui regrouperait toutes les disciplines. Le projet est vaste, mais je vais m’y atteler. Je veux la créer.