La réalité du terrain n’est pas toujours celle des urnes, dans le monde du football. Adversaires sur la pelouse, Anglais et Allemands se serrent volontiers les coudes en coulisses. Au point de faire cause commune dans leurs ambitions d’accueillir les plus grands événements internationaux. Londres et son stade mythique, Wembley, ont été choisis par l’UEFA ce vendredi 19 septembre pour accueillir la finale et les deux demi-finales de l’Euro 2020 de football, le premier de l’histoire disputé dans 13 pays différents du Vieux Continent.
A la veille de la décision, l’Allemagne était encore en compétition pour décrocher ce lot, le meilleur du tournoi. Mais la Fédération allemande a retiré la candidature de Munich quelques heures avant le vote, laissant le champ libre à Londres.
« Je ne sais pas pourquoi l’Allemagne s’est retirée juste avant le vote pour la finale et les demi-finales, peut-être y-avait-il un accord avec l’Angleterre en vue des Euro 2024 et 2028, mais dans les rapports d’évaluations, le meilleur dossier était celui de Londres, alors peut-être que l’Allemagne a compris cela et qu’elle s’est retirée », a suggéré Michel Platini, président de l’UEFA à l’issue du scrutin, organisé à Genève.
Greg Dyke, le président de la Fédération anglaise, a cherché à tuer dans l’oeuf toute polémique. « Il n’y a pas eu d’accord », a-t-il assuré, une main sur le coeur. Mais plusieurs dirigeants du football allemand avaient laissé entendre dans la presse, au cours de la semaine, que Munich allait se retirer en échange d’un soutien anglais pour l’Euro 2024, pour lequel l’Allemagne ambitionne de postuler. Les Allemands renverraient ensuite l’ascenseur en votant pour l’Angleterre au moment du choix du pays hôte de l’Euro 2028.
Pour le reste, peu de surprises. L’UEFA et son président, Michel Platini, ont joué la carte de la sagesse et des valeurs sûres. Munich et l’Allemagne ont reçu un lot de consolation, un quart de finale, assorti de trois matchs de poule. Le même sort a été réservé à Rome, Bakou et Saint-Pétersbourg. Pour l’Italie, le résultat est logique. En avoir moins aurait été perçu comme une offense. La capitale de l’Azerbaïdjan, hôte des premiers Jeux Européens en 2015, fait de son côté une entrée fracassante parmi l’élite du football européen. Pour la Russie, organiser quatre rencontres, dont un quart de finale, permettra de rentabiliser certaines dépenses engagées pour le Mondial 2018.
Les autres matchs de poule et les 8èmes de finale seront joués à Copenhague, Bucarest, Amsterdam, Dublin, Bilbao, Budapest, Bruxelles et Glasgow. Logique et prévisible.
Les battus de la journée? Ils sont cinq à être repartis de Nyon, siège de l’UEFA, les poches vides et le coeur gros. Minsk (Bélarus), Sofia (Bulgarie), Skopje (Macédoine), Stockholm (Suède), Cardiff (Pays de Galles) et Jérusalem (Israël) ont été recalées. L’Euro de l’Europe, pour reprendre une expression de Michel Platini, se disputera hors de leurs frontières.
Destiné à marquer les 60 ans du championnat d’Europe des nations, cet Euro 2020 s’annonce très disparate. Michel Platini le voulait ainsi. Son idée a séduit le comité exécutif de l’UEFA. Elle ne manque en effet pas d’intérêt. Mais on peut se demander pourquoi l’UEFA n’a pas retenu les « petits pays », tels que la Macédoine ou le Pays de Galles, alors que le concept de cette formule inédite était de leur permettre de participer à l’organisation, sans avoir à présenter un budget considérable dans une période difficile économiquement.
Détail important: aucun des 13 pays hôtes ne sera automatiquement qualifié pour l’épreuve, une grande première.