L’Afrique rêve des Jeux olympiques et ne s’en cache pas. Mais son projet, même s’il est toujours dans l’air du temps, a été sérieusement refroidi par les déclarations récentes de l’un des membres les plus influents du CIO: Juan Antonio Samaranch Jr.
Présent en début du mois à Dubaï, où il était l’invité de la 2ème édition de l’Africa Global Business Forum, le dirigeant espagnol (fils de l’ancien président du CIO) s’est exprimé longuement en qualité d’intervenant sur le thème: « L’impact économique des grandes manifestations sportives. » Il a évoqué les Jeux de Barcelone en 1992, normal, et ceux de Londres en 2012, deux manifestations que Juan Antonio Samaranch Jr. a cité en exemple comme des modèles de réussite en termes d’héritage et de retombées économiques.
Puis l’Espagnol a évoqué l’Afrique. Et là, il n’a pas fait dans la dentelle. Selon lui, le CIO verrait d’un très bon oeil le continent présenter un dossier de candidature aux Jeux d’été. Et, mieux, serait enchanté à l’idée d’accorder enfin l’événement à un pays africain. L’Afrique du Sud, surtout, considérée à Lausanne comme le plus crédible des possibles postulants.
Mais Juan Antonio Samaranch précise: « Etre candidat aux JO s’avère un processus très long, avant de pouvoir présenter un projet solide et fiable. Il faut d’abord se faire les dents sur des événements de moindre importance. » A l’image, par exemple, d’un Mondial de natation ou des Jeux olympiques de la Jeunesse.
Pour l’Espagnol, l’Afrique doit affiner son ambition olympique, la préparer patiemment, et ne surtout pas se précipiter. « Les Jeux en Afrique, bien sûr, mais pas avant 2032 », suggère-t-il. Même s’il s’exprimait en son nom propre, il n’est pas difficile de deviner derrière ses propos l’opinion générale du CIO, Juan Antonio Samaranch Jr. étant membre de la commission exécutive de l’institution olympique. Pas vraiment le premier venu, donc.
Le message est clair: l’Afrique doit gagner en stabilité, sociale et politique, prouver sa capacité à organiser un événement international de moindre échelle, avant de placer ses pions sur l’échiquier olympique. Surtout, le continent doit imaginer un projet dont l’impact serait durable et bénéfique au développement de la ville et du pays. « Pour organiser des Jeux, il faut posséder un hôpital récent et une structure pour les contrôles antidopage, explique Juan Antonio Samaranch Jr. Mais, même s’il est sans doute plus pratique de l’envisager à portée du stade, il serait plus utile de le construire dans une autre partie de la ville, où il pourra être pleinement utilisé longtemps après la fin des Jeux. »
A l’heure ou l’Allemagne hésite encore, où Paris mène une « étude d’opportunité » et où les Etats-Unis doivent choisir entre quatre projets, il est conseillé à l’Afrique de faire preuve de patience. Mais une patience active.