Le cyclisme a longtemps été un sport majoritairement francophone. Il l’est moins aujourd’hui. Le président de l’Union cycliste internationale (UCI), Brian Cookson, est britannique. Le circuit mondial a pris le nom de « World Tour. » Ses trois premières équipes, au classement actuel, sont espagnole (Movistar), américaine (BMC) et danoise (Tinkoff-Saxo). Mais la résistance s’organise. Dimanche 9 novembre, l’Union francophone de cyclisme (UFC) a tenu son congrès fondateur, à Casablanca, au Maroc. L’acte de naissance d’une association qui se veut un outil de coopération et un réseau d’influence. David Lappartient, président de la Fédération française et de l’Union européenne de cyclisme, en a expliqué à FrancsJeux les enjeux et le fonctionnement.
FrancsJeux: Comment est née l’Union francophone de cyclisme?
David Lappartient: J’en suis un peu à l’origine. Dans un sport aux racines francophones, il nous est apparu important d’essayer d’unir tous ceux qui partagent les valeurs de la francophonie et l’usage de la langue française. Nous avons eu des discussions, avec les Belges, les Africains. Et nous avons souhaité marquer notre singularité. L’an passé, le cyclisme a été intégré pour la première fois, comme sport de démonstration, aux Jeux de la Francophonie à Nice. Cet événement nous a donné l’occasion de nous réunir, les francophones du cyclisme. Et de cette réunion sont sorties une attente et une envie de prolonger cette avancée avec une organisation plus structurée.
Comment fonctionne cette Union francophone?
Son congrès fondateur a eu lieu dimanche dernier à Casablanca. Il a rassemblé 24 pays, représentant les cinq continents. Elle est présidée par Mohamed Belmahi, le président de Fédération royale marocaine de cyclisme. L’Ivoirien Allah-Kouamé Yao et le Canadien Louis Barbeau ont été élus vice-présidents. Le Belge Thierry Maréchal a été désigné secrétaire général. J’en suis le président d’honneur, un rôle que je partage avec Azzam Wagih, le président de la Confédération africaine de cyclisme. Le comité directeur de l’UFC se réunira en février prochain pour définir les grandes orientations de son action.
Dans les faits, à quoi va-t-elle servir?
Les missions de l’Union francophone de cyclisme sont variées. En premier lieu, favoriser les échanges, les rencontres et la coopération entre les pays membres. Une attente s’est manifestée, notamment, pour une aide à la formation de cadres, d’arbitres ou d’éducateurs. L’UFC souhaite également instaurer une solidarité entre les pays, voire les régions. Les moyens et les structures du cyclisme s’avèrent en effet très déséquilibrés au sein du monde francophone. On pourrait imaginer, par exemple, que la Ligue de Bretagne ait un accord de collaboration avec le Togo. Dans certains pays africains, il est presque impossible d’acheter un vélo ou de trouver des pneus pour la compétition. Chez nous, à l’inverse, il n’est pas rare que le matériel reste au garage au bout de 3 ou 4 saisons.
Avez-vous le projet d’organiser des événements francophones, à l’image de la Coupe du Monde francophone de taekwondo?
Oui. Nous en avons parlé. Il a été envisagé de créer un championnat francophone de cyclisme tous les deux ans. Nous voulons également pérenniser la présence du cyclisme aux Jeux de la Francophonie. Il sera présent lors de la prochaine édition, en 2017 en Côte d’Ivoire. Mais on veut qu’il y reste.
L’Union francophone peut-elle s’imposer comme un réseau d’influence dans le cyclisme mondial?
Bien sûr. Il est clair que l’UFC peut agir comme un élément de réseau. Les anglo-saxons sont de plus en plus organisés. Nous devons l’être à notre tour. Il est apparu, à l’occasion de nos réunions, que certains de nos membres souhaitent pouvoir continuer à s’exprimer en français dans les instances. Le français est, avec l’anglais, langue officielle de l’UCI. Il doit le rester dans les faits.