Président de la Fédération internationale de judo et de SportAccord, Marius Vizer s’est imposé ces dernières années comme l’un des acteurs les plus influents du mouvement sportif. Une voix très écoutée, non seulement dans le judo mondial, mais également par les fédérations sportives internationales. Il a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Comment se présente la prochaine édition de la Convention SportAccord, en avril 2015 à Sotchi? Quels en seront les enjeux?
Marius Vizer: La stratégie globale, pour la Convention SportAccord 2015, reposera sur un développement majeur de l’événement, dans ses moyens, ses contenus, son organisation, afin d’en faire un véritable « Sommet mondial Sport et Business ». Un sommet où se retrouveront des représentants des Fédérations internationales, des différentes organisations sportives, des médias sportifs internationaux, des sociétés de marketing, des équipementiers, du monde des affaires, de l’art, de la culture et de la science. Nous voulons créer, pour toutes les communautés sportives internationales, le parfait environnement pour s’engager dans le développement du sport.
Les retraits successifs de plusieurs villes européennes dans la course aux Jeux d’hiver de 2022 ont traduit une méfiance en Europe de l’ouest à l’idée d’héberger les JO, au moins ceux d’hiver. Rencontrez-vous les mêmes difficultés à trouver des villes pour recevoir la Convention SportAccord ?
Il n’est pas toujours facile de trouver le bon organisateur qui rassemble toutes les conditions pour orchestrer des événements sportifs. Dans le cas de SportAccord, la situation est rendue complexe par les règles du code d’éthique du CIO. En effet, elles n’autorisent pas une ville ou un pays ayant une candidature aux Jeux d’organiser, pendant la durée du processus de candidature, la moindre rencontre qui rassemble un nombre significatif de membres du CIO. Je considère que la Russie est, actuellement, le pays qui investit le plus dans des programmes de développement du sport, pas seulement à un niveau national, mais également à l’international. Elle contribue à son développement par ses investissements et par ses organisations. J’espère que dans le futur, une fois que la situation géopolitique sera apaisée, l’Europe deviendra, aux côtés de la Russie, un pilier pour le sport et l’éducation, assumant un rôle important dans l’organisation et la promotion d’événements sportifs globaux.
Qu’attendez-vous des réformes prévues par le CIO dans le cadre de l’Agenda 2020?
A titre personnel, j’en attends plusieurs changement significatifs. Avant toute chose, des règles, des critères, de la transparence et de la justice dans toutes les décisions. J’espère également que les reformes offriront plus de possibilités aux sports et aux athlètes d’obtenir un nombre de médailles similaire dans une même édition des Jeux olympiques. Je citerai aussi la simplification de la procédure de candidature pour les villes afin de réduire les coûts et accroître l’efficacité, une adhésion au CIO de toutes les fédérations internationales et le droit pour elles de prendre part aux votes importants qui ont un impact sur le mouvement, des décisions qui doivent toujours avoir pour priorité les intérêts du sport, et non pas les intérêts d’autres structures ou entités, un accroissement du rôle des fédérations internationales. Enfin, j’attends de l’Agenda 2020 qu’il offre à la Convention SportAccord l’indépendance du choix de sa ville-hôte.
Considérez-vous que le CIO promeut suffisamment l’idéal olympique en Europe ?
Plus d’investissement dans le domaine des activités « Sport pour tous » serait un biais intéressant pour communiquer sur l’importance des valeurs de l’olympisme. Je considère que l’approche et les messages adressés aux gouvernements ont également besoin d’être dirigés vers la population d’un pays, qui est le bénéficiaire direct de toutes les valeurs culturelles, sportives et de l’héritage sportif. Les médias dans chaque pays doivent être considérés comme des partenaires principaux pour impliquer et motiver toutes les catégories d’âges et toutes les catégories sociales.
Plusieurs Fédérations internationales s’inquiètent de l’impact que pourrait avoir sur leur discipline une réforme du programme olympique. Comment les défendez-vous ?
Je voudrais faire le parallèle de cette situation avec la gouvernance d’un Etat ou avec des modèles d’administration macroéconomique. Les réformes doivent toujours apporter une valeur ajoutée et non diminuer la valeur. Dans l’optique d’améliorer la stabilité économique et de renforcer le pouvoir budgétaire des Etats, leurs dirigeants font en général appel à une augmentation des taxes, ce qui amène à des restrictions dans le domaine du progrès économique. A mes yeux, une solution viable viserait à encourager les investissements et les réformes afin de rendre l’économie plus flexible. Le même principe devrait s’appliquer en sport. Pour enrichir le programme olympique, il faudrait ajouter aux sports existants de la variété et de la diversité en accord avec les tendances actuelles et les demandes des jeunes générations.
Beaucoup de Fédérations internationales doivent batailler pour convaincre les médias de couvrir leurs événements. Pensez-vous que le projet d’une chaîne olympique du CIO pourrait être une bonne solution ?
Lors de l’Assemblée Générale à l’occasion de la SAC 2013, j’ai présenté pour la première fois le concept d’une « Inside Media House », qui a pour objet de servir les Fédérations internationales dans le cadre de leurs stratégies médias et marketing. Je suis heureux d’apprendre que le CIO a montré de la réceptivité et a les ressources nécessaires pour faire décoller le projet. Je crois qu’il s’agit d’une plate-forme importante pour l’ensemble de la communauté sportive. Je suis confiant sur le fait que les contenus et la stratégie que nous envisageons serviront les demandes et la promotion de toutes les Fédérations internationales. SportAccord a d’ailleurs signé un accord de partenariat important avec Euronews, pour la diffusion d’un magazine hebdomadaire consacré à tous les membres de SportAccord, à compter du début de l’année prochaine. Il offrira à toutes les Fédérations sportives internationales la possibilité de présenter leurs événements principaux et dans le même temps permettra de promouvoir SportAccord et les valeurs du sport auprès du public d’Euronews, estimé à 1,5 milliard de personnes.
Où en êtes-vous de vos projets de créer des événements sportifs thématiques, comme les Beach Games ou Urban Games?
Ils représentent une priorité de notre organisation. Nous souhaitons en développer quatre: World Combat Games, World Mind Games, World Urban Games et enfin World Beach Games. Pour ces derniers, nous sommes actuellement dans la phase finale du projet, en partenariat avec l’ACNO, Nous envisageons de développer et mettre en place ces concepts, en accord avec les demandes des Fédérations internationales et des possibilités de certaines zones géographiques. A mes yeux, la France réunit toutes les conditions pour organiser l’un ou l’autre de ces Jeux multisport, avec un minimum de coûts mais un impact maximum sur la société et un message fort pour la communauté internationale.